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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Red Joan
Royaume Uni / 2019
27.09.2019 (vod)
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L'ESPION QUI M'AIMAIT
« C’était le meilleur des temps, et c’était le pire des temps ».
Red Joan, réalisé par Trevor Nunn, nous transporte dans les tumultueuses années 1930-1940. Le film se place alors sous la loi des secrets d'état de 1920. Soit l’histoire (vraie) d’une brillante scientifique qui tombe amoureuse d'un jeune communiste juif, d'origine russe, mais avec un passeport allemand, à Cambridge. En travaillant sur la future bombe nucléaire, la jeune Joan a les moyens de transmettre des documents à l'URSS de Staline. C'est la catastrophe d'Hiroshima qui la conduit à partager les connaissances de son laboratoire, afin d'équilibrer la menace nucléaire entre les deux camps, et assurer une paix durable. Plus de 50 ans après, elle est arrêtée pour avoir violé 27 secrets d'Etat. Notre point de vue a-t-il changé ? Le film n’y répond pas (même si les lois se sont durcies entre temps).
Toutes deux parfaites, Judi Dench et Sophie Cookson, avec sa présence à la Lauren Bacall, incarnent la véritable Joan Stanley, à deux époques différentes. Outre le récit maîtrisé et la belle image rappelant les films des années 1950, Red Joan séduit aussi par son aspect romanesque et les questions qu'il pose. Mais, avant tout, comme le dit le personnage, juger une époque passée avec un regard contemporain n'a aucun sens, si on sort les événements et les opinions de leurs contextes. Que ce soit 16 ans ou 75 ans plus tard, le cinéma rappelle justement que le passé peut trouver un écho dans le présent et que la trahison suprême c'est celle de mentir aux citoyens ou de les mettre en péril avec de mauvaises décisions.
Traîtresses ou pacifistes ? Dès que la propagande des gouvernements, au détriment de la protection de leurs citoyens, est menacée par des comportements individuels, ceux-ci répliquent avec force et cherchent à discréditer ceux qui osent les défier. Peu importe la mauvaise foi ou la lâcheté de juger une vieille dame des décennies après les faits, ce qui compte c’est l’opprobre morale.
Si le film est très classique dans sa forme, limite vintage visuellement, il pose de réelles questions sur l’engagement et la trahison. Cette garde à vue composée de flash-backs repose avant tout sur le jeu ambigüe de Judi Dench, bouleversante et formidable maquilleuse de vérité, contournant les faits pour justifier ses actes. Cette ambivalence suffit à créer une forme de suspense et à dégager suffisamment d’empathie pour qu’on se mettre dans son camp.
Et puis il y a les motifs, les intentions, le contexte de la guerre froide, de l’après Hiroshima : autant d’éléments déclencheurs pour voir le monde différemment. Nous ne sommes finalement que le produit de notre époque, de notre société. Même si c’est classique, ce Red Joan révèle en creux ce qu’est une femme libre sous l’emprise d’un monde d’hommes toxiques.
vincy
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