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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ailleurs (Away)
Lettonie / 2019
23.09.2020
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THE SECRET WORLD
Découvert au festival d’Annecy 2019, dans la section Contrechamp dont il a reçu le premier prix, Ailleurs est le résultat du pari un peu fou d’un letton alors âgé de 25 ans, Gints Zilbalodis, qui l’a réalisé quasiment seul, du scénario au montage, en passant par l’animation et la musique. C’est peu dire que le film est un choc, quête sensorielle et hypnotique qui accompagne un personnage littéralement tombé du ciel dans un territoire inconnu où rôde une créature fantomatique qui semble se nourrir de la vie des autres êtres vivants. D’une lenteur extrême et d’une persévérance admirable, comme s’il était sûr d’atteindre son but, ce monstre étrange poursuit inlassablement le héros, sans haine et même sans aucune émotion. Cette menace sourde, insaisissable, pèse sur le film qui oscille entre le survival et le récit d’exploration.
Le jeu vidéo, indéniablement, a inspiré le réalisateur. On retrouve dans Ailleurs ces vastes paysages qui se révèlent au fur et à mesure qu’on les traverse, cette esthétique parfois schématique qui rappelle celle des premiers jeux en vue subjective, une “caméra” flottante qui survole les lieux et les actions, comme le ferait le regard d’un spectateur extérieur, la notion d’une quête à accomplir, décomposée en plusieurs épreuves à franchir… Mais Gints Zilbalodis a pris le contrepied de cette imagerie virtuelle pour aller vers un récit duquel l’action est au contraire presque absente, de même que la frénésie ou l’adrénaline. C’est au contraire une forme de minimalisme contemplatif qui l’emporte, immergeant celui qui regarde dans une expérience sensorielle qui s’apparente plus au songe qu’au récit d'aventures. On assiste alors à une forme de pas de deux entre la vie et la mort qui est comme la recherche d’un équilibre fragile, et aboutit finalement à une émancipation progressive tout aussi dénuée d’éclats que la quête initiale.
MpM
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