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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Peninsula
/ 2020
21.10.2020
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CONFINEMENT REBELLE
Peninsula arrive enfin dans les salles de cinéma, avec la promesse de se retrouver, de nouveau, en plein milieu de féroces zombies. Tous les ingrédients du genre 'survival' sont là avec en bonus des séquences spectaculaires (combats, poursuites de voitures) et toujours un peu d'humour, de romance et beaucoup d'héroïsme... Peninsula ressemble à un blockbuster qui joue la surenchère, avec un degré de générosité qui procure un immense plaisir.
C'était en 2016 : Dernier train pour Busan avait été une séance de minuit jouissive au Festival de Cannes avant de devenir le plus gros succès de l'année en Corée du Sud. Sa grande réussite était de ne pas s’être limité au concept ‘des zombies dans un train’. Avec une galerie d’individus reflétant plusieurs aspects du caractère humain et de la société coréenne et différentes séquences d’action inventives et spectaculaires, le film nous embarquait dans un roller-coaster sensationnel mais pas vain. Cette double dimension du train à la fois piège et refuge aurait pu suffire mais le film savait être plus profond.
Quatre ans plus tard arrive une suite encore bien plus riche en séquences de bravoure : Peninsula était aussi prévu pour secouer le Festival de Cannes (le film fait partie de la Sélection Officielle de Cannes 2020). Le pays est toujours infecté et abandonné ; les quelques rares survivants de l'époque sont devenus des réfugiés dans des pays comme la Chine. La péninsule coréenne est devenu un territoire où plus personne n'en sort et n'y entre, mais quelques personnes vont devoir y retourner...
Il y a deux questions qui se posent d'entrée de jeu, et Peninsula y répond dès ses premières quinze minutes pour que chaque spectateur expérimente ce film avec un même plaisir. Et si on n'a pas encore vu Dernier train pour Busan ? Ce n'est pas si grave car en fait Peninsula est moins une suite directe qu'une nouvelle déclinaison avec d'autres personnages, dans d'autres lieux. Une séquence d'introduction sur un bateau a aussi pour fonction de (re)présenter la quintessence des événements du train. Est-ce que Peninsula est encore une nouvelle histoire de propagation d'une pandémie qui fait que les infectés deviennent zombies ? Justement non, ici tout un pays est déjà contaminé et isolé, tout le monde le sait et des mesures ont été prises pour en interdire l'accès. On est dans la période d'après et c'est ce qui met cette nouvelle histoire sur les bons rails. Si tout cela était une production américaine il y aurait eu une suite presque identique avec la mauvaise idée de simplement changer de décors (exemple Speed génial dans un bus, et Speed 2, nul sur un paquebot). Le réalisateur coréen Yeon Sang-Ho est toujours aux commandes, et il a choisi de faire une suite à sa façon, heureusement.
Basiquement le principal élément en commun reste que les infectés attaquent très très vite et qu'ils sont très très très trop nombreux ! Peninsula est donc une tout autre histoire, avec comme proposition '2 fois plus' : 2 fois plus de personnages, 2 fois plus de zombies, 2 fois plus de décors, 2 fois plus d'action..., 2 fois plus de plaisir.
La Corée est donc devenu un pays mort, peuplé de zombies et où plus rien n'a de valeur à cause de la pandémie. Un gang de mafieux en Chine a l'information qu'il y avait quelque part un camion rempli de billets, assez motivant pour y inciter certains réfugiés coréens à y retourner clandestinement quelques jours pour récupérer le magot et revenir. Ils seront quatre à débarquer avec quelques armes à la recherche d'un butin sans savoir encore ce qu'ils vont trouver... Pour rappel ces zombies rapides et furieux foncent sur vous s'il y a de la lumière ou du bruit. Dans ce nouveau rendez-vous en terre inconnue et ravagée, il va y avoir beaucoup de surprises.
Dans le Dernier train pour Busan on y voyait un certain équilibre entre drame humain et film de genre zombie: il voulait faire peur. Ce Peninsula laisse de côté toute subtilité pour viser l'efficacité en 2 fois plus bourrin avec beaucoup de scènes d'action bagarreuse: il veut faire mal.
Peninsula n'hésite pas à 'emprunter' certaines de ses inspirations post-apocalyptiques un peu ailleurs, comme en particulier un pays devenu no-go zone barbare comme dans Doomsday de Neil Marshall et des furieuses poursuites de véhicules comme dans Mad Max Fury Road de George Miller. Tout est chaos. La plupart des personnages masculins ressemblent à des clichés "too-much", mais plusieurs personnages principaux sont des femmes intrépides aux rôles mieux écrits, dont une petite fillette espiègle. Ce sont d'ailleurs elles qui, à plusieurs moments, décident des actions à venir. Peninsula se déploie dans divers lieux et donc plusieurs décors, abandonnant le huis-clos du premier film pour une aventure plus classique, il faut affronter plusieurs menaces ce qui permet de multiplier d'autant les séquences d'action. Il faudra trois scènes qu'on pourrait croire finales pour atteindre le dernier acte du film, épilogue sans fin qui se prolonge avec cette audace de vouloir en offrir toujours plus.
Le point commun entre Alien, 28 jours plus tard, The Raid c'est de proposer une suite avec bien plus de personnages et plus de violence avec Aliens le retour, 28 semaine plus tard, The Raid 2. Yeon Sang-Ho se place dans cette même dynamique avec son Dernier train pour Busan (précédé du début Seoul station en animation) et Peninsula. Proposer un film qui soit à la fois une suite mais aussi une histoire indépendante, où on prend les armes pour taper plus fort. Expiatoire et donc libérateur. Kristofy
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