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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Master and commander : The far side from the world (De l autre côté du monde)
USA / 2003
31.12.03
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MÂLES DE MER
"- Son sang a tellement imprégné le bois, que le bateau est presque un parent… "
Sans douter des qualités de cinéaste de Peter Weir quand il s’agit de monter un projet artistiquement ambitieux et raisonnablement populaire, il était pourtant difficile de réprimer une certaine anxiété en le voyant prendre la barre d’une pareille production. Rares sont en effet ceux qui parviennent à accoucher aujourd’hui, en tenant compte des contraintes techniques et économiques, d’un blockbuster pharaonique totalement abouti sans souscrire à de lourdes concessions artistiques menant à un résultat souvent pesant ou sans privilégier l’efficacité formatée et peu fertile du spectacle de commande. Avec Master and Commander le réalisateur australien évitera pourtant miraculeusement tous ces écueils puisqu’il nous livre une fresque épique et enlevée qu’aucun cinéphile ne songeait encore pouvoir espérer contempler. Le grand retour du cinéma d’aventure donc, qui n’évoquera pas pour autant une quelconque nostalgie de l’âge d’or hollywoodien.
Peter Weir a conçu un film résolument moderne, que ce soit dans l’écriture ou dans la fabrication. Batailles et tempêtes seront malgré tout au rendez-vous pour le plaisir incontournable de tous, mais les séquences ponctuent l’histoire de tensions impromptues, un peu sur le mode du thriller, plus qu’elles ne servent l’unique finalité exhibitionniste des habituels lancés de poudre aux yeux. Aussi, si les scènes d’action sont magistralement réussies, la première attaque de L’Archeron par exemple, ne sera rien de plus qu’un détonateur soudain de l’intrigue destiné à rompre la quiétude de l’équipage anglais et c’est avant tout ce groupe d’homme qui retiendra toutes les attentions du réalisateur. Soignant l’exposition de ses personnages, il procède à une étude approfondie de la microsociété que représente l’équipage avec une soif de détails et un souci de véracité captivants. Le talent ne réside cependant pas dans la simple énumération appuyée d’ustensiles et de coutumes d’époque, pour Weir l’art consiste à les révéler avec légèreté, parfaitement intégrés dans son récit. Sa caméra évolue des entrailles du bâtiment jusqu’à la cime des voilures, révélant des existences âpres avec un sens du réalisme inspiré.
En chefs de fil, ses deux acteurs principaux (Russel Crowe et Paul Bettany) qui n’en sont plus aux présentations, composent un duo épatant aux caractères bien trempés et aux philosophies distinctes. L’opposition aurait pu se réduire à une cargaison de gags cocasses comme dans le commun des buddy movies, elle profite au contraire à l’expérience initiatique de l’épopée. Car le voyage de ces deux hommes ne se bornera pas à tutoyer les océans, il sera aussi prétexte à tisser un pont entre le passé et l’avenir, entre l’expérience intuitive et le pragmatisme de la découverte scientifique. Le sujet offre l’air de rien une belle réflexion sur la valeur de notre Histoire, de ses leçons, mais aussi sur l’importance de notre évolution, de nos remises en questions.
Peter Weir applique d’ailleurs sa recette de complémentarité à sa propre mise en scène en enrichissant son savoir faire de conteur confirmé d’un travail de recherche documentaire pointu mais aussi d’une utilisation des dernières innovations numériques qui ne l’avaient pourtant pas enthousiasmé jusqu’à présent. Bien lui en a pris, le mariage fonctionne et pourrait même prétendre faire oublier le fameux Titanic et son inséparable iceberg. Car Master & Commander tendrait à marquer une date où la technologie digitale trouve enfin sa place harmonieuse dans le processus d’élaboration d’un film en renonçant à sa position prédominante pour se contenter du statut de simple outil qui sublime l’image et amoindrit les difficultés de prises de vue. Le spectacle ne sera donc pas seulement inédit cette fois-ci, mais il dégagera une impression de plénitude esthétique et narrative exemplaire. Un régal.
A contre courant de l’attraction maritime de fête foraine Disney sortie cet été, Master and Commander est définitivement l’alternative attendue susceptible d’inverser la tendance qui tendait à faire sombrer l’industrie de l’entertainment dans la facilité sénile de son propre pastiche. Une belle invitation à redevenir un spectateur exigeant et pourquoi pas un lecteur assidu des œuvres de Patrick O’Brian... Petsss
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