Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Wonderful days


Corée du sud / 2003

16.06.04
 



VOIR GIBRALTAR ET MOURIR

Le livre Bye Bye Bahia



"- Encore un coup du docteur Noé."

Ce manga n'a rien d'innocent. C'est une charge politique condamnant la politique de productivisme des pays occidentaux et alertant des menaces environnementales qui pèsent sur notre monde. L'un des meilleurs films d'animation de ces derniers mois se présente aussi comme un film d'action, flirtant avec l'inévitable Blade Runner (Ridley Scott a installé pour longtemps l'estéthique de référence dans le domaine futuriste). Dans ce monde au matérialisme exacerbé, à l'égoïsme des nantis, à l'humanisme méprisé, la seule séquence d'ouverture nous permet de comprendre d'emblée ce rapport déséquilibré qui sous tendra tout le film. Pourtant Wonderful Days n'est pas un simple pamphlet "pro protocole de Kyoto".
Si le discours est intelligent, on est davantage bluffé par la richesse visuelle (Innocence, de Oshii, est à mettre aux oubliettes) mélangeant séquences de jeu vidéo (notamment en utilisant une caméra subjective, plan assez rare dans le cartoon), des décors somptueux (notamment cette réplique du Musée Guggenheim, avec oeuvres d'art inclues), et un mélange des styles qui ne heurtent jamais. On pourrait parfois croire que les personnages s'animent dans des décors réels. Comme un mix de vitraux de la renaissance et d'un manga du XXIème siècle.
On pourra toujours pinailler sur le manque d'originalité de l'histoire très shakespearienne (trahisons, jalousies, spectres), où un rebelle joue les virus dans la belle mécanique bien prévue (un Linux dans le monde Bill Gates, si vous préférez). Toujours ce fantasme du messie, modeste mais attendu. La surdose de sécurité ne suffit pas : il y a toujours un malin pour s'infiltrer. Dans cette parabole pessimiste du monde moderne, entre plateformes polluantes et éoliennes en panne, l'auteur insuffle quelques moments de poésie, pas forcément optimiste. Les cauchemars ne forment pas simplement le passé. C'est la réalité qui les hantent. Wonderful days n'est pas complexe mais n'a rien de simple. Multipliant les références au cinéma (de Bunuel au cinéma russe), il pompe partout (du jeu vidéo à Hollywood), en n'évitant pas, quelques fois, la sortie de route (frôlant le pastiche). En voulant écrire un vrai film, il bloque face à l'émotion (les limites de l'animation) tout en ne se libérant pas forcément du cadre rationnel imposé par le cinéma.
Mais le dynamisme du film - l'action comme les relations humaines aidant -, la beauté sidérante de certaines séquences, le trip réel du scénario, donnent à ce manga l'allure d'un film de SF dynamité. La mise en scène est étudiée. Pas seulement stylisée.
Cela conduit, du coup, à un chapitre ultime grandiose. Une fantaisie finale. Opéra tragique qui nous hallucine, nous envoie en apesanteur. Les sacrifices successifs feront pleurer les sentimentaux. Dans un enchaînement trépidant, musical, quasi muet, Wonderful days nous fait passer, alors, un moment merveilleux. Plus fort que beaucoup de films américains soit disant divertissants. Et le jour d'après, on s'en souvient encore, contrairement à l'apocalypse écolo-numérique déballée par Emmerich.
 
vincy

 
 
 
 

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