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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La mentale
France / 2002
23.10.02
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MENTALE LOW
C'est l'excès d'intentions qui alourdit considérablement le film et son scénario. Car La mentale voudrait être tout à la fois : un film de gangsters, un film d'action, un film social. Il veut faire référence aussi bien à Melville que Scorcese, Coppola, ou même Tarantino (notamment lors de la séquence où Yanis tire sur un de ses comparses dans une voiture). Malheureusement, à force de vouloir être tout à la fois, le film peine à trouver sa voie : on est par exemple bien loin des films de Jean-Pierre Melville, puisque La Mentale ne parvient jamais à accéder à l'univers mystérieux de tragédie silencieuse du samouraï ou du deuxième souffle. De ces films, il ne reste qu'un Michel Duchaussoy grimé en créature melvilienne, comme si les seuls vêtements d'emprunts du film noir pouvait suffire à reconstituer un univers cinématographique.
Ce n'est pas seulement que les références écrasent le film, c'est surtout qu'elles l'empêchent de déployer son univers propre. On a parfois l'impression d'assister à une simple juxtaposition de séquences hétérogènes, et malgré tout les moyens déployés, il devient difficile de s'intéresser à l'histoire et au sort des personnages. La continuité pose problème, parce que le film semble craindre d'ennuyer en creusant véritablement son fil directeur. Or l'idée de loi au-dessus des lois est intéressante, et ce, malgré même le vocable ridicule qui est utilisé ("la mentale" : peut-on imaginer plus inepte ?). Le film tente parfois de développer ce thème en mettant en lumière la contradiction qui peut exister entre les lois sociales et la loi des voyous ; surtout en montrant que cette loi des voyous n'est jamais que la loi du plus fort, et qu'il ne s'agit donc pas d'une loi. "Ici, Dieu, c'est moi" entend-on en effet dans le film, et de fait, il semble bien que chacun des petits barons de la drogue ou du braquage n'invoque la loi que pour légitimer son intérêt personnel. Malheureusement, le film ne fait qu'évoquer ces problèmes, il ne les traite pas, comme si la réflexion sur loi risquait d'entraver l'action. De peur d'ennuyer, il préfère donc sortir l'artillerie lourde et multiplie les fusillades et les courses-poursuites.
Mais c'est l'inverse qui se passe, car la thématique de la loi aurait pu permettre de donner une véritable continuité au scénario en plaçant le film dans une perspective tragique. En reléguant trop souvent cette thématique à l'arrière-plan, au profit de l'action, le film finit par ennuyer le spectateur qui ne parvient plus à saisir l'enjeu de toutes ces scènes d'action. Une distance trop grande s'installe alors avec les personnages, qui apparaissent comme des pantins mégalomanes et surtout peu intelligents. Et l'on regarde tout ce petit monde se déchirer sans se sentir concerné. benjamin
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