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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Message in a Bottle
USA / 1999
30.06.99
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CEUX QUI M'AIMENT PRENDRONT LE BATEAU
"- Si j'avais 15 ans de moins, jeune dame, vous auriez quelques problèmes... "
A un moment du film, Wright-Penn demande à Costner où sont les frontières entre ce qu'elle doit faire et ce qu'elle ne peut pas faire. On aurait envie de lui répondre: ne pas jouer dans un film produit par Kevin Costner.
La jeune femme blonde, working girl, cherchant une ascension sociale (tout en ayant un appartement de rêve), vit dans une grande ville, froide, hostile mais romantique. Chicago, la ville venteuse. Evidemment, elle ne pense qu'à fuir cette vie matérielle (pourtant elle ne semble pas avoir de problèmes d'argent). Le thème de l'évasion, du retour à la nature, de l'abandon de nos valeurs urbaines, est répété à l'infini par Hollywood, qui sait soigner nos névroses, à moins qu'on nous les créées. Et il n'y a pas de meilleure motivation que le Grand Amour au Grand Air (le GAGA).
Tout est beau, tout est gentil. La jeune femme prend ses week-ends dans une auberge chaleureuse, avec verre de vin le soir, jus d'orange le matin, lectures à toute heure. Le bel homme est rassurant, manuel, sait faire cuir les steaks. Il restaure des bateaux. Et quoi de plus romantique qu'une balade sur un voilier? Inutile de vous énumérer la liste des clichés... Nous voici emmener dans une love story sans âme en quête du grand amour, où la boussole sert de référence aux marins comme aux désespérés ("Vous êtes mon nord").
Le scénariste se défend d'avoir écrit une histoire triste et tragique: le film serait sentimentalement honnête. Ciels roses, arc en ciels miraculeux, feu de bois sur la plage, clair de lune artificiel, on baigne dans l'univers de Barbra Cartland, dans le style Collection Arlequin. Jusqu'à la scène d'amour dans les bleutés d'une nuit d'hiver, où la chair nous semble bien lisse et sans extase. Erotico-soft. Et sans capote!
Tout est prévisible: elle lui redonnera goût à la vie. La musique est de Gabriel Yared (Patient Anglais, Cité des anges). La réalisation fait album-photos. Le montage est raté et atteint son horreur quand la séquence "bonheur à deux" compile brèves scènes de joie de vivre débile et musique romantico-rythmée.
Un film de plus donc sur le problème de l'amour fin de siècle et cette impossibilité à communiquer nos sentiments correctement. Totalement réac et conservateur, Message in A Bottle est une sorte de City of Angels refait à l'envers (avec une fin calquée sur le même modèle: tragique).
Bref, le seul rescapé de ce naufrage est l'impeccable Paul Newman qui apporte un peu d'air frais et drôle à cette noyade au sirop. vincy
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