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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Mexican (Le Mexicain)
USA / 2001
25.04.01
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CREDIT REVOLVER
"- Tu es un être très sensible pour un tueur à sang froid."
Le divertissement est un art difficile, d’autant plus en cette époque où le moindre show télé, la plus minimale émission culturelle, le plus petit politicien doivent faire de l’humour et de la dérision pour distraire (ou ne pas ennuyer). The Mexican est un exercice périlleux, pas toujours réussi, où la parodie se mêle au thriller, le rire à la psychologie, l’amour au suspens. Et on se demande si Gore Verbinski n’aurait pas mieux fait de choisir un des genresŠ A force de les multiplier, il laisse beaucoup de spectateurs sur leur faim, et en délaisse pas mal sur les bas côtés.
Car évidemment, on ira voir The Mexican pour son duo de stars : Julia " Oscar " Roberts et Brad " Sexiest " Pitt.
Et c’est de là que provient la principale déception ; la rencontre est ratée, la chimie n’opère pas, il s’accouplent mais ne fusionnent pas, jouant chacun dans leur registre. Sans que leur interprétation soit ratée, Julia fait du Roberts hystérique et variable selon les humeurs, et Brad fait le clown farceur, un peu simplet, pas forcément compatible avec ses scènes en tueur. Avec seulement 20 minutes à l’écran ensemble, il était difficile d’installer la relation, surtout quand les deux personnages sont noyés dans autant d’événements.
Verbinski s’essaie donc à avoir du style avec un script plutôt intéressant (la légende d’un revolver) qui biaise sur la fin (l’apparition de Gene Hackman, superflue et moraliste). Il en fait un copier-coller de la pensée américaine dans ce qu’elle a de plus extravagant : Las Vegas en Babylone de rêve, la psychologie Homme Femmes (expliquée pour les nuls), l’amour entre gays toléré, etc... C’est parfois insupportable, mais suffisamment bien rythmé pour ne jamais ennuyer. On assite donc à une thérapie du couple, à des conseils à un dollar, à des leçons de vie un peu pesante. Le tout ponctué de scènes de bastons, de mitraillages, de rebondissements inattendus et d’invraisemblances espérées, et aussi de flash back couleur sépia. Car si la mise en scène n’est jamais originale (le script ne réserve d’ailleurs que très peu de surprises), le cinéaste parvient quand même à nous amuser avec ses flash backs (d’influence Zucker Abrahams Zucker) où l’on nous narre les aventures maudites de ce Mexicain. La singularité s’arrête là.
Le plaisir est ailleurs. Il est peut être de voir Brad Pitt s’amuser en parfaite victime piégée par la situation et sa propre bêtise. Il se situe dans les railleries des mexicains à l’encontre de ces "gringos norte americano" qui débarquent sans parler un mot d’espagnol. Il est surtout dans le duo Roberts/Gandolfini. Dès que le scénario revient sur Julia Roberts, à la fin du premier tiers du film, The Mexican s’emballe. Il faut avouer que la rencontre entre Miss Julia (une paumée sentimentale ) et le Soprano James Gandolfini (un tueur à gage homo ) est un grand moment. Tout leur voyage à deux, la découverte de l’un par l’autre, la complicité qui en découle, font les meilleures scènes de cette production DreamWorks. Les dialogues, les interprètes, tout concourre pour faire de ces " moments " ce qu’il y a de mieux.
Il est frustrant de voir ce film s’aventurer souvent dans les mauvaises directions. A force de vouloir divertir à tout prix, il ne prend plus de risques sur la fin, et, en pilotage automatique hollywoodien, s’achève baclé, tuant les méchants et rendant heureux les gentils et repentis. Il s’ajoute surtout à ces nombreux films comme Zorro ou Traffic, qui examine les liens de plus en plus étroits entre le voisin US et le Mexique. Comme si le Mexique devenait là aussi une nouvelle aire de jeu pour Hollywood. vincy
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