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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Stuck on you (Deux en un - 2 en 1)
USA / 2003
07.01.04
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DÉTACHE-MOI
" - Quelle honte de donner des rôles à la con à un acteur ?"
Les Frères Farrelly sont préposés au genre Comique. Gras, grivois, graveleux, grossier. Alors, si l’on ne rit pas ? Derrière leurs moqueries, leurs gags éculés, il y a bien cette vision des Américains pas comme les autres. Le complexé, la femme obèse, le demeuré, et ici des frères siamois (à l'instar de Twin Falls Idaho). L’idée de base est toujours identique : l’Amérique profonde, sympathique, pas très reluisante, mais humaine, où des Freaks en liberté vont tenter d’atteindre leurs rêves (la fameuse utopie américaine). Du sexe (Mary à tout prix) au respect (Fous d'Irène), en passant désormais par Hollywood (ici-même). Les Frères Farrelly ne manquent pas de talents. Ils savent imaginer les bons gags. Pour chaque personnage excentrique, ils maîtrisent très bien leur grammaire et déclinent toutes les situations cocasses possibles. L’Américain moyen, prolo et artiste, n’est jamais sexy mais il a le droit suprême de se taper des jolies gonzesses.
Avec un duo aussi "attachant" (Damon a définitivement dépassé son ami Affleck dans la course aux bons rôles), et plutôt bien trouvé, et une idée aussi déloyalement drôle, ils avaient matière à dépasser le simple stade de l’anecdotique et la vision simpliste du rêve hollywoodien. Bien sûr, ils essaient de prendre, toujours, le contre-pieds aux idées reçues, invitant Cher dans un rôle ingrat (mais pas assez bien exploité) et Streep (dans une scène mal écrite). Scénario pas assez abouti, pour ne pas dire bâclé, on baille parfois aux corneilles. Dans cet esprit de banalisation (normalisation ?) ne fallait-il pas au contraire en rajouter une louche. Quitte à faire dans le sentimental - ce qui ne leur réussit pas vraiment - pourquoi ne pas faire rire avec du tragique ? Certaines situations sont peu vraisemblables et jamais les cinéastes n’ouvrent la perspective d’un monde cruel pour une telle incongruité de la nature.
Béatement positif, le cinéma des Farrelly ne nous émeut pas. Les angoisses ici doivent être physiquement visibles pour que le message soit sûr de passer. À ce niveau, le cinéma des farrelly montre toutes ses limites : ils savent filmer un gag, mais pas la nuance ou l’intime. On est loin de Keaton, Chaplin ou Laurel et Hardy pour reprendre un duo hilarant.
Alors qu’il nous fasse rire, au moins ! il y a un public friand, très bon client. Certes, la vision de californiens cyniques et abrutis, le contraste avec une Nouvelle Angleterre plouc mais cultivée et quelques autres bonnes trouvailles feront sourire. Ces pots de colle ont parfois la réplique ironique et cinglante ("- Où veux tu qu’elle trouve un type comme toi ? - À Tchernobyl.").
Tout cela finira par un happy end de circonstance et un peu forcé formellement.
Comparativement, le dernier Kollek qui reprend une trame assez proche (dans la quête de célébrité hollywoodienne), est bien plus passionnant avec moins de moyens. Les Farrelly gagneraient à mettre un peu de profondeur et de sens dans cette vision d’une Amérique pas très bien dans sa peau. Avec ces frères monozygotes, on aurait aimé détendre nos zygomatiques. vincy
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