Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mifune (Dogme 3)


Danemark / 1999

10.11.99
 



MI-FOU, MI-RAISON





"- Oublie le salut cosmique, tu vas la faire fuir."

Troisième film du Dogme, Mifune, primé à Berlin, est dans la lignée directe du remarquable Festen. On se retrouve en pleine cambrousse danoise, avec une famille détraquée et des secrets inavouables, une folie douce et des gens de la ville un peu déboussolés.
Techniquement, c'est la même couleur, la même lumière (bougies, soleil, phares...), et une caméra portée à l'épaule, quoique plus stable, plus académique.

Mifune est d'ailleurs un film de vétéran, contrairement à Festen de Vinterberg. Un film sage, un brin moral, qui vante les racines à la campagne au profit d'un matérialisme citadin. Il s'agit même d'un scénario plutôt classique (et c'est là que réside la déception du spectateur) avec ses rebondissements calculés, quelques bons mots, et des personnages rapidement cernables.
On se souvient aussi, hélas, des gros traits mal dessinés (l'épouse et sa réaction trop extrême), d'une confusion scénaristique au moment du final, de séquences trop convenues, trop anticipées...
Mis à part ça, grâce à d'excellents comédiens, une histoire intense et de bonnes idées (la lune de miel orgasmique et criarde, Mifune le samouraï) cet opus venu du froid réchaufffe les coeurs. Entre le traitement anglo-saxon du script et les allégories typique du film d'auteur, le film se cherche un peu.
Envahi par les multiples références à Festen et aux Idiots (et surtout à celui de Vinterberg : le tintement du verre, l'orchestre pour jouer la musique, etc...), les astuces pour contourner les contraintes du Dogme tombent un peu à plat. Limite d'un manifeste? Exercice artistique injustifié? Cependant cette tragédie naturelle, sans surenchère et si humaine, parvient à nous toucher. Ceux qui jugent ou qui ne respectent rien sont évincés et n'atteignent pas le bonheur qui réunit petit à petit la pute au grand coeur et l'orphelin isolé. Mifune est une chronique typique de cette fin de siècle, racontant la nostalgie regrettée et la simplicité oubliée de l'homme urbain. Un retour aux sources et aux rêves permet donc de trouver la voie. Celle du samouraï ou celle de l'équilibre. Entre la ferveur qui fait vivre, et les compromis pour survivre. Comme ce film, qui se veut authentique jusqu'au bout, mais qui doit tricher un peu afin de nous séduire.
 
vincy

 
 
 
 

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