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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Monsieur Batignole
France / 2002
06.03.02
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LA PETITE VADROUILLE
Pinot simple flic, Casque bleu, Une époque formidable : le clown Gérard Jugnot s’est fait une spécialité des comédies sociales, où l’humour côtoie la réflexion, sans pour autant verser dans le cynisme vain. Monsieur Batignole confirme cette tendance. Jugnot s’est risqué à aborder un sujet plus que rebattu (la seconde guerre mondiale), en équilibre entre fiction et réalité historique. Tâche pour le moins délicate, dont Jugnot se sort avec les honneurs : Monsieur Batignole demeure sans aucun doute son meilleur film à ce jour après Une époque formidable.
Si le réalisateur-acteur ne prétend pas innover sur les questions aussi délicates que la collaboration ou l’épuration ethnique, il réussit à distiller ici et là sa propre vision d’une page sombre de l’Histoire, un portrait en demi-teinte, soulignant les paradoxes et les contradictions de la nature humaine. Trouvant au passage un juste milieu entre l’humour cocardier de Papy fait de la résistance et l’austérité de La liste de Schindler. Désireux de coller au mieux à la réalité tout en osant des échappées comiques (le saignement du cochon), Jugnot filme ses personnages avec sincérité, donnant à l’ensemble des allants généreux et une certaine crédibilité. A l’instar de ces précédentes œuvres, les moments de tension sont cassés par le burlesque, véritable marque de fabrique du réalisateur.
L’acteur de Tandem s’attribue une fois de plus le rôle principal et confirme ainsi après Meilleur espoir féminin et le flop Oui, mais avec Emilie Duquenne l’an dernier, qu’il n’est jamais meilleur que lorsqu’il est dirigé par lui-même. Tous les acteurs sont formidables, tant les seconds rôles que les enfants. Jean-Paul Rouve des Robins des bois incarne avec brio un collabo antisémite détestable et veule à souhait. Et le jeune Jules Sitruk à la bouille sympathique, acteur très instinctif, tient avec une belle assurance la dragée haute à Jugnot.
Pétri d’humanité et d’humilité, « Monsieur Batignole », empreint d’une émotion sincère, ne doit pas sa réussite à une mise en scène tire larmes, mais bien à la modestie et la générosité d’un cinéaste authentique hervé
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