Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Monsieur N.


France / 2003

12.02.03
 



NAPOLEON BON A PERTE





"- L'Histoire est un mensonge que personne ne conteste."

Après Les Morsures de l'Aube, Antoine de Caunes, l'ex trublion de Canal + confirme ici pleinement ses talents de cinéaste, puisque le film se révèle très bien mené et finement maîtrisé. Le parti pris de la polémique, celle des circonstances de sa mort est osé, mais convaincant.

Tout, dans ce film se construit sur des paradoxes, notamment le fait que le séjour sur cette île est à la fois le meilleur et le pire souvenir de chacun des personnages. L'angle du mystère, du thriller attaché à Napoléon est vraiment fascinant et passionnant. L'idée de faire conter l'histoire par le point de vue de l'ennemi est en outre originale. Le jeune officier anglais qui admire Napoléon et assiste aux dernières années de sa vie, s'aperçoit , des années après, que ce qu'il a vu n'était pas forcément la réalité. Ceci est notamment ce qui fait la richesse du scénario.
Par ailleurs, la torpeur, la neurasthénie, la longueur des soirées qui s'impose aux personnages dans cette île au milieu de nulle part, où il n'y a rien à faire et où pourtant ils sont condamnés à rester ensemble est très bien dépeinte et le spectateur n'est, à aucun moment gagné par cet ennui. Au contraire, il est sans cesse surpris par l'énigme, le mystère qui entourent les personnages et leurs jeux de faux-semblants. A chaque instant, une question nous taraude : que s'est-il vraiment passé à Sainte-hélène ?
Monsieur N. est un très bon thriller, sans cesse nourri d'éléments qui permettent de comprendre peu à peu les clés du mystère. Philippe Torreton, qui fut le Capitaine Conan de Bertrand Tavernier, est excellent. Le comédien parvient très bien à caractériser l'infinie complexité de la personnalité de Napoléon. Chaque personnage qui compose sa cour est retors. Parmi ceux qui l'entourent, beaucoup sont là pour le testament, comme Montholon, un intriguant. Albine de Montholon est la maîtresse de l'empereur déchu, mais aussi une manipulatrice aux motivations opaques.
Il y a aussi Betsy, la jeune anglaise. Au sein de cette micro-société, tous les sentiments extrêmes se mélangent : la haine, la cupidité, l'amour, la passion, la fidélité. Sur le plan dramatique, cela est bien mené.
Le film ne sombre jamais dans le pompeux, ni dans l'image d'Épinal liée à la personnalité de l'empereur.

Bref, Monsieur N. parvient très bien à restituer une atmosphère, faire émerger une énigme et développer une enquête. Il capte très bien les rémanences d'un monde disparu, avec d'excellents personnages.
Signalons également la belle musique de Stephan Eicher et les très beaux costumes de Carine Serfati

La dimension psychologique du mystère, à laquelle s'ajoute la sensation d'enfermement est très bien dépeinte. A cet égard, rappelons que Sainte-Hélène est une île de 122 kilomètres carrés, située en plein Atlantique, à 1900 kilomètres de l'Afrique et à 2900 kilomètres du Brésil. La chambre de l'empereur faisait 17 mètres carrés.
 
sandra

 
 
 
 

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