|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Le mystère de la chambre jaune
France / 2003
11.06.03
|
|
|
|
|
|
CHAMBRE SANS VUE
"- Nous avons une reconstitution à reconstituer."
Il y avait des raisons d’espérer avec ce début inventif, rythmé, cocasse. Où l’on commençait à croire qu’il était possible de revisiter nos classiques littéraires. Las, nous sortons de ce film fortement désappointés. Presqu’agacés par ce gâchis tant la direction artistique est à la hauteur du projet (des miniatures de Fabien à la photo de Christophe Beaucarne). A posteriori, il reste l’impression que Podalydès le réalisateur avait voulu ressusciter Les Brigades du Tigre. Il n’a pas su choisir entre le personnage de Rouletabille et l’enquête, entre le portrait et le polar. Sur la forme, le film s’en ressent. Parfois, des cartons reprennent les titres de chapitres du roman de Leroux, puis ils disparaissent pour revenir vers la fin du film. Cette absence de continuité dans la narration nuit gravement à la bonne santé du scénario. Nulle présence de relations entre les personnages, nulle fluidité dans l’investigation. tout semble éparpillé, comme un puzzle à reconstituer.
Dommage que le spectateur s’y ennuie très vite et ne soit pas captivé par ce mystère si intriguant. À force de s’égarer entre les protagonistes, les rires et le suspens, Podalydès nous perd en route. Il n’existe aucune histoire. Et même le processus de recherche (ou de logique) n’est pas mis en scène. L’image n’illustre que le propos au lieu de nous faire participer à cette mécanique intellectuelle qui nous révèlera le mystère dans les cinq dernières minutes. "Questions de méthode" diraient l’Inspecteur Larsan. Celle du réalisateur est de nous divertir, avec des digressions, des bons mots ou même des gags. Du coup, le fil se casse et créé une distance froide entre le spectateur et l’écran. Laborieux, le film n’est pas aidé par ses comédiens. Les vétérans jouent mal ou trop (Azéma en est pathétique et inexistante). Exemple typique, les crises hystériques peu crédibles de Isabelle Candelier (la concierge). On en plaint le dindon (claqué) et l’ingénieur du son. Denis Podalydès, très à l’aise dans ce costume taillé sur mesure (la réelle motivation d’avoir fait ce film n’est-elle pas là ?), ne peut pas s’empêcher d’en faire trop, au point, parfois, d’apparaître grotesque. Seul Jean-Noël Brouté s’en sort avec les honneurs dans ce second-rôle truculent et comique. Il hérite de la plupart des séquences humoristiques. On sent d’ailleurs tout le potentiel du film (et le talent du cinéaste) à certaines scènes dignes de très bons courts-métrages ou dans la manière de filmer les détails. Dès qu’il y a des scènes d’ampleur ou d’action, le cinéaste est moins à l’aise.
Le regret est d’autant plus grand qu’on humait ce parfum de grand cinéma. Les bonnes intentions de narration ne sont pas assez exploitées. Il n’y a aucune réflexion derrière le cadre ou l’image. La mise en scène est relativement platonique, malgré des personnages colorés, mais ici, édulcorés. "Le bon bout de la raison" nous a empêché de profiter de ce spectacle qui nous laisse sceptique. Ne s’agit-il pas, finalement, d’une sorte de bande dessinée ? Un jeune homme célibataire, sans attaches, reporter de son métier, bon enquêteur, vêtu de pantacourts, parcourant ce château en Belgique, où vit un aimable barbu et des inventions dignes de savants fous... Il ne manque plus que Milou.
Du coup, comme le dit le Juge de Marquet (et non pas Demarquet) en apprenant la solution au mystère : "Bah, je suis un peu déçu." vincy
|
|
|