Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


Paramount  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 21

 
Narc


USA / 2002

30.07.03
 



LA BALANCE





"- À force de sniffer, tu collais des sinus."

Il y a des films qui vous laissent une sensation partagée. Narc est de ceux-là. Si le budget et la narration en font définitivement un film indépendant, son inspiration visuelle et son ambition de coller à un cinéma très classique le dévie vers un genre plus hollywoodien. Ce balancement entre deux envies se ressent jusque dans la perception d’un film qui allie la profondeur psychologique des deux personnages et le bluff visuel qui réduit l’action à une simple superficialité.
Dans l’univers sordide de Detroit, un nouveau western va avoir lieu : deux flics, excellents dans leur travail, mais réprouvés pour leurs méthodes vont s’associer avant de s’affronter. Corruption, tahison, désillusion seront les véritables moteurs de ce film sans issue. Rien n’est manichéen dans cette atmosphère froide et triste. Ni l’un ni l’autre ne sont bons ou mauvais. Et c’est ce qui rend le film intéressant jusqu’au bout, bien plus captivant que ces multiples rebondissements, parfois un peu redondants. Où se situe la frontière indicible entre le juste et le devoir ? L’un va y perdre tous ses repères, et va croire toucher la Vérité, alors qu’il se trompera ; tout autant que l’autre, inexcusable et pourtant pardonnable, prêt à tout pour cacher la Vérité, qu’il est seul à connaître. Obstruction louable où, dans les deux cas, les femmes subissent cette obsession de l’enquête - quête ultime du Vrai - tout en refusant l’impact. Étonnant d’ailleurs de voir à quel point les personnages ne parviennent plus à communiquer, qu’ils soient collègues, mariés, amis. Ces impasses conduiront à la sortie du tunnel où la victime pour laquelle tout le monde s’acharne à découvrir le meurtrier, gît dans son propre mensonge - la victime n’étant pas plus innocente !
Narc en devient un film cynique, où le bon n’existe pas, où chacun a sa part d’ombre, et où tout le monde a ce qu’il mérite. Après une ouverture choc (en forme de faux plan séquence, caméra à l’épaule où le réalisateur cherche déjà un style visuel lié à une réalité plus que véritable et peu fictionnelle) et jouant avec nos nerfs, Joe Carnahan nous plonge dans un polar plus conventionnel. Dès qu’il s’approche des acteurs, il touche à l’essentiel de son cinéma : le vrai, et non pas le faux-semblant. Patric et Liotta, en cela, nous offrent deux grands numéros de comédiens, complètement imprégnés par leurs rôles : l’agressif réservé face au malin violent. Son histoire est en ce sens assez forte pour ne pas avoir à nous impressionner avec des gadgets visuels ou une scène revisitée 4 fois, sous différents angles. Le cadrage est d’ailleurs très soigné et rappelle quelques vieux films noirs. On apprécie la seule bonne idée du film : l’enquête filmée en "split screen" qui nous zappe le bla-bla habituel et nous concentre sur les deux comédiens. Hormis ça, il n’y a aucune singularité dans ce film qui lui permette de se distinguer de la masse, même si chaque plan semble très bien étudié.
Ce sont bien ses acteurs et son amoralité qui le détache des thrillers américains récents. La racaille côtoie le racisme, les pourris sont à tous les niveaux de pouvoir et personne n’en sort indemne, au contraire d’un Training Day très démago. Ici, le suspens nous saisit parce que nous nous attachons aux deux flics, idéalistes, mais pas angéliques, humains, mais perfectionnistes. Surtout, le scénariste et réalisateur Joe Carnahan leur donne une autre dimension en détaillant leur rapport à la paternité et donc à la transmission des valeurs et de la notion de repsonsabilité. Parfois le scénario cafouille à nous donner trop d'éléments prévisibles, parfois, il se laisse aller à une belle manipulation de nos sentiments. Mais ce "bad trip" bien rythmé et plutôt bien maîtrisé pour un deuxième film mérite qu’on s’y attarde avant que le cinéaste ne devienne lui même camé par le système (puisqu’il va réaliser M:I 3).
 
vincy

 
 
 
 

haut