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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Abre los ojos (Ouvre les yeux - Open the eyes)
Espagne / 1997
18.11.98
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REQUIEM FOR A DREAM
Amenabar nous avait bluffé avec la complexité, la logique et l'intellectualisme de Tesis. Ouvre les yeux monte d'un cran la confusion volontaire et l'absence de repères narratifs logiques, pour nous perdre dans un labyrinthe où la réalité se confronte aux rêves, où les niveaux de conscience se superposent, s'exposent, s'entrechoquent.
Cela donne un film fascinant, certes, passionnel mais souvent déséquilibré. Le scénario, minutieux, violent, tyrannise la mise en scène du jeune réalisateur espagnol, au point de lui freiner son lyrisme et ses délires. Si bien que l'attitude du spectateur s'englue dans les méandres des folies cybernétiques d'Eduardo Noriega - magnifique. Ce film d'anticipation porte un sujet intéressant, rare dans le cinéma européen. Ouvre les yeux nous fait découvrir un univers totalement novateur : Internet, cryogénie, réalité virtuelle... On se rapproche plus de Johnny Mnemonic (ou plus tard de The Matrix), mais le traitement est résolument européen. Psychologique.
Ce thriller nous intrigue mais ne nous captive pas. On ne ressent pas assez de compassion pour ce jeune yuppie arrogant. On palpite pour les deux histoires d'amour, même si notre préférence s'oriente pour la belle Penelope Cruz. Le rythme se perd dans la séquence nocturne en boîte. Allégorique, la scène fait décrocher le spectateur de cette enquête qu'il suit par petits bouts. Il aurait, à ce titre, fallu, une réalisation plus inspirée, moins plaquée sur un script déstructuré.
Mais il est indéniable que le talent d'écriture et l'imagination débordante d'Amenabar ont fait émerger un cinéma de genre jouissif et prometteur, habituellement réservé aux anglo-saxons. On frissonne en contemplant cette vision vertigineuse d'un futur cynique et artificiel, cyber-virtuel.
Le film n'est pas le chef d'oeuvre espéré. Mais il nous fait ouvrir les yeux sur un cinéma qui se distingue par son originalité et son respect pour la stimulation des cerveaux. Vincy
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