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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Stepford Wives (Et l'homme créa la femme)
USA / 2004
07.07.04
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SHE, ROBOT
"- Pourquoi tu ne cuisines pas comme ça?
- Et toi, pourquoi tu ne peux pas?
- J'ai un pénis!"
Si la perfection n'est pas de ce monde, ce remake comporte trop de défauts pour nous séduire. Il ne suffit pas de parer ses plus beaux atours pour qu'au final le spectacle soit convaincant. Car nous ne saurons jamais quel était le motif initial de Frank Oz pour faire un remake d'un film des années 70 où le féminisme devait s'affirmer. Ici, on ne voit aucune des raisons contemporaines pour justifier une telle histoire. Le film ne repose sur aucun problème de société majeur, ou, pire, il les exploite de façon très légère. Il aurait pu devenir un portrait sur l'identité masculine, il n'est qu'une caricature des rapports homme/femme comme certains réactionnaires aiment les dépeindre dans des best-sellers chargés de bien différencier les sexes. Si bien que nous sommes perdus : ode à l'émancipation de la femme? hymne à l'amour et ses contradictions? critique acerbe du machisme? vision qui se veut corrosive de l'uniformisation et de la négation de l'individu? Peut-être un peu tout cela à la fois, superficiellement.
The Stepford Wives nous laisse perplexe parce que le scénario nous raconte une histoire incohérente, et brûle les étapes au point de le rendre confus. Nous ne saurons jamais si ces femmes étaient des robots (qui distribuent les billets ou ne sont pas sensibles au feu) ou des femmes dirigées par des puces implantées dans le cerveau. Nous ne voyons pas très bien le lien entre le prologue et le reste du film; nous ne comprenons pas non plus l'épisode final explicatif et le processus pour en arriver là . Avec ce zeste de science fiction à trois cents, on pourrait croire à une série B très chic où les effets visuels et la direction artistique sont d'un kitsch inouïs, nous renvoyant dans les années 60. Entre un humour jamais assez noir et une intrigue jamais très tendue, le film échoue complètement à nous embarquer dans un univers qui lui est propre ou un suspens qui nous tienne en haleine.
A force de réécritures, le montage ne sait plus où donner de la tête et prend des raccourcis qui nous laissent plantés avec la séquence précédente. Oz ne va jamais assez loin dans le délire et ne sait pas comment faire avancer son histoire remplie de trous noirs. Nous sommes loin des Sorcières d'Eastwick ou de La mort vous va si bien, dans les deux cas, plus jouissifs.
Il faut tout le talent et la conviction du casting - le seul vrai régal à mater - pour tirer un fil conducteur du début à la fin. En se reposant sur un trio de persécutés, le film pourrait s'embraquer vers une apologie de la différence. Mais le discours revendicatif de Glenn Close nous détourne de ce sujet pour nous nevoyer sur une morale plus insipide du type "C'était tellement mieux avant."
Sans queue ni tête, le film n'a même pas de morale. Il permet juste à Kidman de passer du brun au blond en 90 minutes. Il y avait sans doute bien mieux à faire avec un tel matériau : un village reclus sur lui-même, refusant la singularité (même raciale ou sexuelle), et vivant dans l'opulence d'hommes oisifs. Le film débute avec le petit écran et finit dedans. D'un plateau à l'autre, il enferme les individus dans une prison dont ils ne parviennent pas à s'échapper, condamnés à subir leurs névroses, puis à venir les raconter à un interviewer ou les extérioriser dans des reality-shows. Mais que tout cela est mal formulé... vincy
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