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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hors d'atteinte (Out of Sight)
USA / 1998
02.12.98
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L'ARME FATALE DE SODERBERGH
"- Vous seriez surpris de savoir ce qu'on peut obtenir quand on le demande de la bonne manière."
Steven Soderbergh revient avec une commande, une comédie noire, romantique, décalée. Et ça y est, de nouveau Hollywood est à ses pieds. "Je suis très chanceux; j'ai réalisé 5 flops d'affilé et on m'a quand même proposé ce film. Combien de gens ont ça?"
Troisième roman de Elmore Leonard adapté pour le grand écran, Out of Sight est cinématographiquement dans la veine de Get Shorty plus que de Jackie Brown. D'ailleurs Soderbergh use du clin d'oeil avec les apparitions de Michael Keaton et Samuel L. Jackson. Le ton comique, ou disons humoristique (la scène du coffre est une orfèvrerie de la drague drôle) et la toile de fond policière, le duo romanesque et l'aventure romantique font un joyeux cocktail décalé et décalquant entre film noir et comédie noire. Cosmopolite aussi. Blacks, latino, anglos, tous voyous dans cette Amérique où seuls les malins - ceux qui contournent les règlements - survivent.
Tout cela plaît aux critiques, et qui devrait plaire au public américain (pour l'instant Leonard n'a pas vraiment séduit les européens). Seul polar de l'été avec L'Arme Fatale 4, Out of Sight apparaît comme l'un des meilleurs divertissement de la saison. Qualitativement, c'est même un petit bijou. Un polar sans happy end (ou presque) et chaud comme la braise; car Soderbergh n'aime que ses acteurs et laisse le champ libre au duo détonnant et plus que "dynamite" Clooney-Lopez. Charme et muscles. Enfin plutôt croupe et cerveau!
On ajoute la dose d'originalité dû à un Soderbergh inspiré (et toujours aussi mateur) et vous obtenez la formule magique pour un "sleeper". Un hit inattendu. Avec un zest d'expérimental : flash backs, arrêts sur images furtifs, image soignée, presque suggestives, fantasmes illustrés ... Sa déconstruction narrative nous hypnotise pour mieux arriver à la fin : une forme de morale ambiguë où l'honnêteté - l'intégrité? - ne fait pas le poids face aux sentiments amoureux. Un film très très hot, et de haut calibre. Mais surtout sensuel. De cette sensualité qui imprime nos prunelles. En détournant tous les clichés du film du genre, Soderbergh s'est amusé à brosser son film le plus populaire à date. Le plus hollywoodien. Quoique. Il y a trop d'éléments excentriques pour que l'opération soit plus personnelle que commandée. Le cinéaste se met ainsi hors d'atteinte des studios et à portée des spectateurs.
vincy
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