Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pas si grave


France / 2003

05.03.03
 



SOURIS PUISQUE C'EST GRAVE





"- Ils ont jamais vu de films d'Almodovar tes copains?"

Bernard Rapp nous avait habitué aux tensions psychologiques, aux sous-entendus qui rendent fou, aux ambiguïtés entre désir et pulsion. Les dilemmes de ses persnnages nous plongeaient dans une atmosphère noire et un univers criminel. Tout ce que Pas si grave n'est pas.
Bernard Rapp a voulu un film ensoleillé, léger, amoureux, généreux. Les rares tensions relèvent du passionnel, de l'excès. Ici la bourgeoisie n'a pas sa place. Nous sommes au milieu des bohèmes, de ces saltimbanques errants qui cherchent leur chemin. ce film est l'anti-thèse d'Une affaire de goût, son prédédent opus, maîtrisé à l'extrême. Pas si grave flotte, se laisse dériver vers une morale banale sur l'acceptation.
Car le voyage en volvo de ces trois garçons pas trop dans le vent est avant tout initiatique. A Valencia, on refait sa vie. On peut même y changer de nom. Ce qui compte c'est son passé, le début d'une légende, l'affection pour une vie tissée d'anecdotes ou de contradictions. Rapp invite ainsi Almodovar avec un militaire le jour, travesti la nuit ou un français qui a failli être un torero de génie et qui finit bistrotier. Pour les trois frères, ce sera l'épreuve du feu. Max la menace va devoir s'appaiser. Le beau Léo va devoir s'assumer. Et Charlie trouvera sa vérité.
Ces trois personnages, grâce aux trois comédiens, sont attachants, magnifiques, comme des frères. On ne dira jamais à quel point Bouajila est l'un des plus grands acteurs français du moment. Duris nous éblouit avec son (nouveau) talent de trompettiste). Et Portal réussit parfaitement son basculement entre brutalité d'apparence et sensibilité masquée.
Il est regrettable que le scénario ne soit pas plus profond, plus captivant. Trop de superficialité sans doute, ce qui empêche la caméra e se fixer et la laisse trop souvent dans le champ alors qu'il faudrait couper ou zoomer. Le film ne prend pas d'élans, malgré de belles envolées comme cet orchestre militaire qui s'éclate à faire la fête dans une caserne. "Sans la musique que serions-nous?" Le film de Rapp lui doit beaucoup. Du poster de MC Solaar à Manu Chao dans l'autoradio, des faiseurs de bruitages au cinéma au stand de tir, Rapp s'est amusé avec le son, en faisant un personnage à part entière du film.
Mais cela ne suffit pas à habiter l'image. A nous extasier. Le film est trop étranger. Trop de petites histoires qui déraillent du propos principal, pas assez fouillé : régler les dettes du passé, apprendre à se connaître dans l'expérience, afin de mieux affronter son futur. D'autant que le dilemme de la dette envers ses parents est à peine effeleuré... Ici, la guerre civile d'Espagne nous semble si lointaine et les coups de foudre, en revanche, arrivent comme des cheveux sur la soupe. Il manque une fluidité, une intensité.
Léo (Duris) avoue qu'ils ont reçu trop d'amour en étant recueillis par Pablor et Pilar. Le film déborde de bons sentiments, de situations rêvées. A froce de désamorcer le drame, de dilluer l'humour, le film perd en force. Trop d'amour tue l'amour. Au final, le spectateur n'a pas senti la gravité, et se retrouve face à une histoire qui a du goût, mais ne laisse aucun souvenir.
 
vincy

 
 
 
 

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