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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cause toujours! (Une fantaisie de Jeanne Labrune sur le soupçon et son contraire, la confiance)
France / 2004
28.07.04
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FAUT MIEUX VOIR CA QUE D'ETRE AVEUGLE
"- Ceux qui sont supposés nous protéger de tout sont nos pires ennemis."
Troisième fantaisie et le plaisir s'estompe. Labrune ne parvient pas à renouveler de son exercice de style et tourne en rond quitte à faire les 100 pas plutôt que les 400 coups. Malgré l'apport épicé et étranger de Victoria Abril, parapluie violet et El Pais sous le bras, la cinéaste ne parvient pas à sortir de son monde : entre un appartement Elle Déco et une maison de campagne Ideat. Cause toujours! tu m'intéresses si peu... Ni existentialiste ni philosophique, cette digression ne fait que raconter les petits malheurs du quotidien de gens ordinaires, bourgeois, équilibrés et relativement réacs derrière leur apparente ouverture d'esprit. Bref des bobos qui votent écolo par conscience et plébiscite Sarkozy en silence. Que de contradictions pour ces respectueux du tri sélectif qui haïssent la nature et vénèrent les insecticides. De ces emmerdeurs ou des mouches, on ne sait pas qui est le plus énervant des envahisseurs.
Que de palabres aussi. Pour ne rien dire. Notre société serait-elle devenue si pleine d'inutilités? En tout cas, les échanges sont trop écrits pour nous faire rire. Le film en devient trop verbal, et perd rapidement sa dynamique. Les quelques ressorts dramatiques tombent à plat par l'absence de mise en scène (heureusement le montage permet d'insuffler du rythme). Il faut donc s'accrocher aux personnages. Les femmes, énergiques, fantasques, lunatiques, facilitent l'attachement. Mais l'alchimie ne fonctionnera pas pour autant, malgré le charme de chacun. L'esprit, entre BD et chronique de magazine féminin, ne permet pas de nous emballer pour ce délire trop artificiel. Le spectateur reste à l'écart. L'absurde est trop maniéré et visuellement pas assez audacieux pour que le film justifie ses excès.
Il y a bien quelques séquences cocasses. Mais dans ce film prônant une fois de plus l'art de la glande, la réalisatrice s'emmêle dans les genres (thriller, comédie, mélo). Ces 87 minutes nous semblent très longues. Peut-être parce que la parole domine trop. La parole au dessus de l'image. Alors on rêve d'être sourd, ou mieux que tous les personnages deviennent muets, comme ce musicien qui ne dit rien. On s'imaginerait alors des choses horribles, mais la parole nous tue le désir. La fantaisie pourrait se noircir, s'assombrir. Mais les mots la noient dans un mauvais marivaudage. A force de trop de manigances, Labrune réussit juste à nous endormir. Dans ce film d'apparences, les masques tombent trop vite pour nous intriguer. Cause toujours est ainsi davantage indolent qu'insolent. On comprendra qu'il s'agit d'un regret. vincy
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