Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 16

 
Quelqu'un de bien


France / 2002

16.10.02
 



IL ETAIT UN FOIE, DEUX REINS, TROIS FOIS RIEN





"-J’hésite à comprendre."

Nous aurions aimé être épatés par cette histoire d’hépatologie. A défaut de se plier le ventre (de rire) et d’avoir la rate qui se dilate, reconnaissons que le réalisateur Timsit progresse dans l’échelle du rire. Quasimodo d’El Paris était une farce faussement dramatique, relativement ratée sur les rapports père / fils. Quelqu’un de bien aborde dans un registre sentimental le rire potache entre deux frères. Timsit grandit et gagne en sobriété. Il affine davantage son écriture, en tombant moins dans l’image vulgaire, mais sans nous épargner le verbe grossier.
Ce deuxième long est beaucoup plus classique. La déception principale provient d’un déséquilibre scénaristique entre la première et la seconde moitié du film. La première heure est prometteuse tandis que la seconde s’enlise dans la médiocrité. Timsit a certes réussi le pari de l’humour, grâce à un certain sens du dialogue qui fait mouche (on retrouve la patte d’un ancien auteur des Guignols), même s’il tombe assez rapidement dans un premier degré infantile et machiste, bref immature. Les situations sont bien moins inventives et beaucoup trop rébarbatives pour être drôles. La psychologie des personnages s’estompe au fur et à mesure de ce road-movie à la " Western ". Pour ne pas dire qu’elle s’absente. Le prétexte organique de l’échange de foie, du don de soi, de ce clonage du moi - très bonne idée de départ - se noie dans une comédie formatée pour la télévision. D’une comédie dramatique, où trois personnages s’installent, nous zappons vers un film " burlesque " , où deux mecs se font des blagues de régiment. Là Timsit lorgne plus vers Jean-Marie Poiré et les Charlots (il en a même enrôlé un...), quand les nanas ne sont plus que des faire valoir sexuels. Evidemment, rien n’est subtil : les mâles sont là pour faire les paons en sportive décapotable ou avec les femmes facilement offertes.
C’est regrettable de ne pas avoir tenue la longueur. Et de bâcler autant la fin (on ne croit pas un seul instant à la relation Denicourt / Garcia). L’excès est souvent bridé par le diktat d’un rythme imposé où les scènes s’enchaînent très vite. La souffrance de Pierre et Paul, leur sensibilité se transforme en spectacle grotesque. Ce " buddymovie " méritait meilleur traitement. Après tout, ils ont des couilles, mais ils ont aussi les chocottes. L’angle dramatique et l’aspect romantique se fait ainsi écraser par le rouleau compresseur comique. Au point de déraper sérieusement dans des séquences gore et des répliques trash. Ceci écrit, il est facile de comprendre le dilemme de Timsit face à son film. Les deux showmen (l’un venant de la Télé, l’autre des planches) sont à leur sommet. Ils insufflent ce qu’il faut pour faire croire à leur rôle de frères ennemis qui deviennent frères s¦urs. Il y a celui qui vend les stocks de la Gay Pride et l’autre qui vend des trucs pour casse-couillo-thérapie. Le duo fonctionne à merveille et la gémellité des comédiens est évidente. Garcia parvient même à nous charmer avec une crédible fragilité cachée sous son apparence de beauf en toc. Son numéro est parfaitement rodé, notamment dans la scène avec le Docteur, hilarante.
Tout n’est pas à cette hauteur, manquant de profondeur, de perfectionnisme. Les motifs finaux des personnages masculins sont d’ailleurs complètement évincés du script. Incompréhensibles, leurs actes nous sont totalement étrangers. A force de répéter "On va la faire", on se demande ce que cela représente en réalité.
Nous ne saurons pas ce que cela fait d’être quelqu’un de bien, ce que cela apporte; mais le film n’est pas si mal pour un divertissement du dimanche soir à la télévision. La seule chose qu’il faut rendre à Timsit c’est de vouloir rire de tout, et continuer à le faire, malgré ses déboires avec certaines associations. En cela, il a essayé de rééditer le duo Poiré/Serrault avec Garcia. Cela manquait au cinéma français. Les temps changent, l’humour et la subtilité varient aussi. Mais lorsque Timsit se fait filmer dans un cercueil en train de plaisanter sur sa propre mort, on ne peut s’empêcher de songer à Jean Poiré jouant la même chose dans une émission de télévision quelque temps avant son décès et prouvant ainsi que l’on pouvait en effet rire de tout : même du mal de vivre quand on ne ressemble pas à un play boy et que la maladie nous ronge. Ce n’est déjà pas si mal comme message.
 
vincy

 
 
 
 

haut