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PLENITUDE MYSTIQUE
"- Que serait celui-ci qui se donne le droit de racourcir la vie d'un homme, ne serait-ce que d'une minute?"
Que le spécialiste de l'art pictural s'intéresse au génie de la peinture ne pouvait qu'éveiller notre curiosité. Pourtant, autant le dire tout de suite, le résultat n'est pas à la hauteur de l'attente. Peut-être parce que le parti pris du film, dès le départ, n'était pas le bon. Ou alors qu'il lui a manqué de s'appuyer sur un scénario qui se détache de l'anecdote pour atteindre l'universel.
Dans Rembrandt, l'objectif de Matton est de décrire trois mondes dans lesquels l'artiste évolue. Premièrement, il y a le monde de Rembrandt: la maison luxueuse, surchargée d'objets de collection et de "curiosités", les femmes, les enfants, les élèves, les servantes, un monde coloré et bruyant, plein d'exubérance; décors et costumes riches en couleurs, "pourpre embrouillé d'or" (lumière dorée). Ensuite, on peut voir la bonne société, Muiden: un monde élégant, précieux, travesti avec austérité mais aussi avec raffinement; décors gris tissé d'argent, costumes sombres éclairés par des dentelles claires, des friases excessives, la pâleur affectée des maquillages (lumière argentée). Enfin, c'est le monde des rues et des tavernes, Amsterdam: port cosmopolite où circule tout un monde bariolé, loqueteux, excentrique, misérable, violent, rigolard, difforme, exotique, confronté à l'austérité vestimentaire calviniste.
Ainsi, le film se laisse quand même voir. D'abord grâce à la reconstitution historique: nombre de scènes rappellent des tableaux célèbres et il est amusant de les retrouver "live". Ensuite, et surtout, grâce aux acteurs, comme Klaus Maria Brandauer ou Jean Rochefort. Pour le premier, son jeu, bien sûr, est parfait, et sa ressemblance avec son illustre modèle, fascinante. Pour le second, il interprète son personnage avec une étrange fourberie. Dommage que Charles Matton ne soit pas allé chercher en eux, plus de cette élégance, de cette profondeur, de cette émotion.
Et puis, surtout, allez voir l'expo à Paris, histoire d'admirer les oeuvres de cet enfant terrible. Après tout l'oeuvre d'un peintre sera toujours plus captivante qu'un film sur l'artiste. chris
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