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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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René
France / 2002
04.12.02
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QUELQUES JOURS AVEC RENÉ
"- Nous sommes, à la pesée matinale, à 155 kg."
Vous l'aurez deviné, René est un portait. C'est celui d'un homme qui a décidé de maigrir. Premières images du film : René, obèse, s'attable seul devant un énorme plateau de fromages. Il se confectionne de gigantesques tartines arrosées d'un non moins grand verre de vin. Le "là" est donné : René ne lésine pas sur les quantités. Il ne lésine d'ailleurs pas sur grand chose. Tout ce qu'il entreprend, c'est avec tout son coeur, que ce soit manger (avant sa décision de maigrir), maigrir (30kg de moins comme qui rigole), boire (voir la scène de beuverie d'un réalisme absolu), jouer ou encore donner des courd de théâtre à des enfants. Tout paraît d'une intensité dévastatrice rare.
Alain Cavalier filme tout cela avec tant de réalisme que l'on se demande où on est. Dans le documentaire ? Dans la fiction ? Eh bien sous des allures trompeuses, le cinéaste filme une véritable fiction. Mais il utilise pour cela des techniques documentaires. La moindre des choses est filmée (même les peu intéressantes). On a le sentiment de regarder "un mois dans la vie de René", de suivre le personnage dans tous ses faits et gestes.
Peu à peu, on s'attache à lui et à son combat. Dans un premier temps, les images et ce qu'elles donnent à voir et à penser paraissent brutes et dégagées de tout contexte (qui est René ? Pourquoi veut-il maigrir ?). Progressivement, les choses se mettent en place et on comprend l'histoire de cet homme (il a été marié, a une fille, son partenaire de théâtre est aussi son ami...). Alain Cavalier joue sans cesse entre la fiction et le documentaire. On pourrait dire qu'il filme une fiction (René est inventé de toutes pièces) sous des airs de documentaire (rien ne semble joué et tout semble réel) auquel il aurait ajouté des éléments fictionnels (l'évocation des liens entre les personnages). Vous me suivez ? Bon, je vous l'accorde, c'est un peu sibyllin ! Mais c'est pourtant là que réside l' intérêt de René, un film à l'image de l'oeuvre passée d'Alain Cavalier. Un film brut, intrigant, dérangeant et atypique. laurence
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