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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Rien ne va plus
France / 1997
15.10.97
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LA MAIN AU COLLET
Tout va bien pour l'infatigable Claude Chabrol, qui avec Rien ne va plus, une comédie noire jubilatoire emmenée avec entrain par le couple atypique et mystérieux Isabelle Huppert et Michel Serrault, fête à 67 ans son 50ème film.
Rien ne va plus, qui commence dans l'univers de la roulette et du tapis vert, a raflé la mise au Festival international de Saint-Sébastien en emportant la Concha d'or du meilleur film et celle du meilleur réalisateur.
Isabelle Huppert, actrice fétiche de Claude Chabrol, qu'elle retrouve pour la cinquième fois, est éblouissante en Betty, une piquante allumeuse doublée d'une perverse arnaqueuse, qui sillone la France à bord d'un camping-car avec Victor (l'impeccable Michel Serrault). Le tandem détrousse les gogos dans les congrès de dentistes ou de représentants en tondeuses à gazon.
Betty drague ainsi Jacquie Berroyer, plus illuminé que jamais, dans une scène d'ouverture menée tambour battant, et Victor passe derrière pour rafler la mise, se contentant de 40% (comme le fisc) pour ne pas éveiller les soupçons. Qui imaginerait un voleur prenant une commission de 40%?
Michel Serrault, que l'on a vu cette année en Assassin(s) de Mathieu Kassovitz, est ici un petit escroc à l'esprit anar et aux ambitions modestes.
Jusqu'au jour où la gourmande Betty ne se contente plus de 40%. Elle accepte de faire la mule et de convoyer sous le soleil des Caraïbes une valise pleine d'argent, sale mais suisse... Victor suit mais rien ne va plus: ce jeu dangereux les dépasse et tourne au cauchemar et à la roulette russe.
Le réalisateur de Madame Bovary, Violette Nozière, Une affaire de femmes, La cérémonie entraîne le spectateur dans un "road-movie" à suspense, qui passe de l'humour corrosif au film noir, en perdant un peu de son rythme et en dissipant, in fine, le mystère sur les relations de ce couple atypique.
"Ça peut être le père et la fille, mari et femme, vieux cochon et collégienne perverse, oncle et nièce, adoption d'enfant...", dit le réalisateur qui a, comme d'habitude, travaillé en "famille".
Outre Isabelle Huppert, il retrouvait pour la 5ème fois François Cluzet, pour la 2ème fois Michel Serrault, pour la 10ème fois son fils Matthieu Chabrol, qui a composé la musique, et Aurore Chabrol, sa scripte et sa femme.
Celui qui se définit comme "un con de béat " dans les Cahiers du Cinéma avait envie de "faire un film léger comme une bulle de savon. J'aime plaisanter et j'ai passé ma vie à faire des drames", disait-il au Festival de Saint-Sébastien.
Ce grand admirateur d'Alfred Hitchcock, connu pour son humour et son caractère de bon vivant, a puisé du côté des comédies d'Ernest Lubitsch pour créer ses personnages "amoraux" et un brin pervers. chris
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