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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Rollerball
USA / 2002
13.03.02
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FUNNY GAME
"- Jonathan, Jonathan !"
Etrange objet filmique que ce Rollerball version 2002, remake d'un film mythique des années 70, réalisé par un maître du cinéma d'action John McTiernan. Un film qui ressemble plus à un " brûlot " anarcho-révolutionnaire désabusé qu'au blockbuster annoncé. Rollerball est en effet un film qui refuse constamment ce que le public attend. Pas de chair, pas de sang, pas de tripes ou même un soupçon d'identification possible. Le film refuse tout réalisme. L'action se déroule dans un no man's land asiatique confus, dominé par un grand méchant - Jean Reno, risible et caricatural - aussi crédible qu'un ennemi de James Bond. Les parties de Rollerball sont volontairement éloignés de la réalité. McTiernan se désintéresse totalement de l'enjeu " sportif ". Il préfère filmer les commentateurs, le fonctionnement de la billetterie, les interrogations des joueurs que les matches en eux-même, filmés comme dans un jeu vidéo avec accessoires et gadgets diverses. Le montage épidermique des scènes d'action est très confus : impossible de bien comprendre le jeu en lui-même, ni d' " apprécier " la violence. Le film est d'ailleurs plus captivant et mieux filmé dans les passages hors-jeu, dans une première partie plus calme et posée qui culmine avec une extraordinaire scène de poursuite en night-shot qui mérite à elle-seul le déplacement.
Les héros sont de plus lisses au possible, désincarnés avec une mention spéciale pour le blanc-bec Chris Klein, échappé d'American Pie, qui ne peut prétendre égaler l'intensité et la présence de James Caan, le héros de l'original. Seule la belle Rebecca Romijn-Stamos ajoute un peu de chaleur à son personnage de femme amoureuse qui ne peut vivre sa passion au grand jour. Oublier donc l'espoir de grandes scènes d'action, oublier aussi la puissance de l'original. Le Rollerball de John McTiernan tient plus de la farce, du pamphlet contre la dérive de la société mondiale vers plus de violence, plus de spectateurs, plus de pognon. Le fond du film se rapproche ainsi de Showgirls et Starship Troopers de Paul Verhoeven ou des films de John Carpenter.
McTiernan montre un village global, un melting-pot de nationalité qui ne pense qu'à une seule chose : s'enrichir par tous moyens même immoraux ou illégaux. Hélas, le fond du film paraît un peu dépassé de nos jours, une douce utopie. McTiernan filme un public qui se révolte devant la trop grande violence du jeu, alors même que ce qu'il nous montre est moins violent qu'un match de football américain ou la dernière conférence de presse de Mike Tyson. Une révolte impossible à croire donc, mais c'est peut-être cela justement qu'a voulu exprimer le réalisateur, sa révolte face à la passivité du public et son dégoût de voir la violence et l'argent gangrener la société, le capitalisme et la mondialisation par le fric.
La volonté de McTiernan de ne pas faire un film violent qui condamne la violence est donc louable mais le fond paraît si déjà-vu (dans L'Enfer du Dimanche d'Oliver Stone par exemple), le scénario est si insignifiant, la forme parfois si confuse, que Rollerball n'est finalement qu'une série B de luxe à la dernière demi-heure ridicule. yannick
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