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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Neko no ongaeshi (Le royaume des chats)
Japon / 2002
30.07.03
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HARU KIRI (JAUNE)
"- Je ne peux pas me transformer en chatte !"
L’animation asiatique pour le grand écran s’ancre de plus en plus dans les mondes fantastiques ou les univers parallèles allégoriques. Les animaux et les divinités ne sont pas des accessoires ou des faire-valoir, à l’instar de l’animation américaine, mais bien des personnages complets, apportant une dimension spirituelle à une initiation individuelle. Comme Alice ou Chihiro, Haru va être propulsée dans un monde étrange et étranger. Celui des Chats. Des chats humanisés, évidemment.
Haru c’est la Japonaise typique des cartoons "made for TV" : jupe plissée bleu marine, chaussettes blanches, petit chemisier saillant. La lolita n’aura pas déplu à Gainsbourg. Le Royaume des Chats bascule ainsi continuellement entre le cliché, le déjà-vu disons, et quelques émerveillements. Soyons indulgents, ce sont les premiers pas de l’auteur dans le long-métrage d’animation.
Cela s’en ressent à deux niveaux : un scénario un peu trop simpliste, linéaire même, et une direction artistique presque trop riche. Les décors sont chargés de détails méticuleux. les couleurs pastels et les mouvements des félins sont très étudiés. Et, chose rare dans l’animation 2D, il a osé le ralenti. A contrario, cette histoire d’adolescente japonaise mal dans sa peau, subissant les déséquilibres du monde moderne (absence du père, oppression du temps, dangers de la ville), nous semble trop familière pour nous captiver. On lui oppose un monde merveilleux, où la nature a repris ses droits une fois de plus. Classique dans ce Japon qui part à la recherche de ses valeurs.
Même si le film est complètement plagié sur Alice aux pays des merveilles (le gros matou, le labyrinthe, la tenue vestimentaire, la maison en taille miniature où elle apparaît comme une géante), ce Royaume des Chats offre un plaisir non feint. Clairement inspiré par l’Europe, ce Royaume est un monde de gargouilles et d’un matou baron raffiné et romantique. On y ajoute un vocabulaire chatoyant composé de "Miademoiselle", de "miariage", de "mialentendus" et autres "mialotrus"... L’humour n’est pas absent. De labyrinthe en vortex vertigineux, nous sommes transportés (avec vitesse et efficacité) dans un royaume imaginaire qui ressemble un peu aux contrées des Hobbits dans Le Seigneur des Anneaux. Cette aventure paranormale de Catwoman où une adolescente va devenir plus féminine et responsable, pourrait n’être qu’un rêve, durant une nuit où elle doit prendre de bonnes résolutions. Il a en tout cas l’intelligence de nous évader avec humilité et un beau sens du récit.
Et puis, le film prend (enfin) de la distance avec ses références vers la fin, quand la morale de l’histoire s’installe. Clairement féministe, le message favorise l’émancipation féminine au détriment d’un monde dominé par les hommes, incapables, orgueilleux, frimeurs... Quelle idée aussi de vouloir le Tom Cruise du Lycée quand on est si rêveuse ? Seul Le Baron est noble d’esprit et de coeur aux yeux d’Haru ; mais il s’agit d’un chat. vincy
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