Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Salton Sea


USA / 2002

28.08.02
 



L'ADDICTION EST SALEE





"- T'as une place précaire sur la chaîne alimentaire..."

The Salton Sea est le premier film typique du jeune réalisateur doué qui a longtemps attendu de voir arriver sa première œuvre sur grand écran. On y retrouve fatalement nombre de défauts et de qualités inhérents aux toutes premières fois. Volonté de trop bien faire quitte à en rajouter à la pelle, manque de dicernement, mais aussi la fraicheur de l'enthousiasme.
D.J. Caruso n'est en tout cas pas un metteur en scène qui fait l'impasse sur le style. Image léchée, ruptures de ton, l'homme se plait à pratiquer un cinéma démonstratif. Il serait assez évident avec ce coup d'essai de l'associer à Quentin Tarentino, voire dans une moindre mesure à son ersatz britannique Guy Ritchie (Snatch). Film de bande ayant adopté la cool attitude ainsi que les activités louches, ici la consommation et le trafique de méthamphétamines - drogue bon marché dérivée des amphétamines aux effets puissants et ravageurs - le récit joue le grand écart entre divers partis pris, qui à défaut de cohabiter toujours harmonieusement, ont tendance à lester lourdement l'ensemble. On passe ainsi du romantisme surané de pacotille - flashback de Kilmer jouant de la trompette sur fond de soleil couchant - à la noirceur outrancière mais esthétisante - planque des camés bordélique bien que photographiée à la Edward Hopper.
L'histoire se veut crédible, l'équipe n'a pas ménagé ses efforts sur la documentation, les acteurs se sont immergés dans le milieu en multipliant les contacts avec des témoins réels, mais la volonté de divertir à l'épate reste prédominante quitte à sombrer dans le burlesque le plus total. Ces séquences sont d'ailleurs souvent maladroites car par trop décallées du contexte dramatique de l'intrigue. Pêle mêle, la scène gaguesque de préparation du braquage qui se révèle plus tarte que franchement jouissive, l'entrevue avec le dealer black disjoncté trop téléphonée à Tarantino pour trouver une réelle légitimité. Car si Tarantino a dans sa filmographie déjà largement pratiqué la citation (cinéma de quartier, blaxploitation…), il en a aussi rapidement atteint les limites - et au delà de son talent - ne représente du coup pas la meilleure des sources de références, le processus de recyclage finissant par connaître ses limites. Au bout du compte, si on se marre fréquemment, on n'arrive malheureusement jamais à vraiment s'émouvoir sur la destinée tragique de Tom tant tout cela paraît bien artificiel. Pour couronner le tout, le scénariste Tony Gayton a concocté un script particulièrement emberlificoté qui s'acharne à brouiller les pistes pour dissimuler à tout prix son dénouement (nous ne dévoilerons donc rien !). Bref, voilà un film qui chahute beaucoup le spectateur mais qui sait pourtant s'attirer les faveurs de son public.
Le mérite en revient en grande partie au casting soigneusement étudié. A de rares exceptions, la distribution est plutôt opportuniste puisque peu d'interprètes se révèlent être à contre emploi. On retrouve avec grand plaisir Val Kilmer dans un rôle consistant et à la mesure de son énorme talent trop fréquemment mal employé, en tout cas mal circonscrit. Spécialiste du grimage, il prolonge ici sa galerie de rock stars, après Morrison et Elvis, puisque donnant corps à un curieux sosie de Sid Vicious tatoué en long et en large et dont les conflits de personnalités ne sont pas sans rappeler ceux du protagoniste de l'excellent Memento. Il porte une grande partie du film sur ses épaules charismatiques sans trop se forcer. S'épaississant un peu avec l'âge, les traits de son visage se font plus marqués et lui laissent espérer poursuivre une seçonde carrière d'ancien jeune beau du même accabit qu'un Travolta, influences scientologiques en moins. Vincent D'Onofrio quant à lui ne se lasse pas de jouer le cinglé de service depuis Full metal Jacket, particulièrement grattiné dans sa prestation cette fois-ci. On saluera cependant ses efforts pour se renouveler dans le genre, se rendant presque méconnaissable à chaque nouveau psychotique endossé. Les autres acteurs composent une galerie assez réjouissante, Deborah Unger conserve son éternelle image de femme trouble et blessée, Luis Guzman son profil de teigne peu avenante. Moins redneck que dans Boys don't cry, Peter Sarsgaard confirme au travers de son personnage de compagnon fidèle, sa capacité à jouer avec des nuances émotionnelles qui transcendent ses seçonds rôles.

Sans crier à la suffisance de celui qui pense séduire en lançant de la poudre aux yeux, D.J. Caruso n'aurait certainement pas dévalorisé son sujet en s'astreignant à plus de simplicité. On s'égare fréquemment dans son premier coup d'essai, accompagnant son héros avec trop de distance pour que celui ci ne parvienne à solliciter chez nous les émotions qu'il était en droit d'attendre. The Salton Sea ne laisse pas véritablement de mauvais souvenirs, pas plus qu'il n'est en position de laisser de traces impérissables dans les mémoires…
 
petsss

 
 
 
 

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