Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Scooby-Doo (Scoobydoo)


USA / 2002

10.07.02
 



UN COUP BIDON





"- Ce qui est bien avec ce qui se démantibule, c'est que ça se rafistole. C'est ça qui est puissant."

Le divertissement pur, genre le plus rentable en saison estivale, ne se sera jamais montré aussi peu audacieux que cette année à Hollywood. La valeur sure prime, celle qui a fait ses preuves et qui garantit donc l'amortissement juteux et la limitation des risques d'investissement désormais fixés sur des hauteurs bien plus élevées que les collines du quartier mythique Californien. On décline donc les séquelles, on adapte les références culturelles populaires (BD, Télé, jeux vidéo, la panoplie du parfait teenager), profitant de la révolution numérique pour se créer un alibi. On regrette juste que les studios soient incapables d'être à la source de nouveaux mythes, à défaut d'inventer, ils dupliquent… Après Spider-Man, Scooby-Doo donc…
Oh bien sur, la joyeuse bande vaguement hippie-boyscout n'a pas à souffrir d'aucun complexe pour effectuer sa transposition sur le grand écran, pas plus qu'un autre en tout cas. Pourtant pas évident au bout du compte de donner lieu à autre chose qu'un produit bêtement standardisé tourné vers un plaisir programmé, immédiat et fugace. Le scénariste de base, James Gunn, ancienne gloire (le mot est peut-être fort?) des studios Troma, était certainement à même d'apporter un décallage à cette œuvre grandguignolesque. L'aspect opportuniste du film à l'arrivée met à jour le peu d'inspiration des décideurs qui ont récupéré l'affaire.
Dans la série originale, les joyeux détectives incarnent une jeunesse perspicace, le genre qui ne croit pas au premier regard ce qu'elle voit et a tôt fait de dévoiler la supercherie. Du pain béni, pour une adaptation actuelle, en pleine société de l'apparence superficielle où l'image reigne en maîtresse, où les effets spéciaux sont rois. Les victimes modernes sont bel et bien présentes dans l'intrigue du film, une jeunesse bariolée et bronzée, enfants gatés qui coule des jours apparemment heureux, mais surement insouciants, en glandant dans un parc d'attraction paradisiaque dans la plus pure tradition de "The Grind" pour les US ou de "Loft Story" pour les fans de M6. Hélas si les ados de "Mystère & Cie" n'ont pas perdu leur sens de la déduction, Véra n'est pas dupe des caméras qui surveillent le parc de mondavarious, leurs facultés ne servent pas l'intrigue et se privent bien d'offrir une seçonde lecture à l'ensemble. Pire !!! Le dessin animé désamorçait systématiquement l'imaginaire qu'il produisait, inscrivant les personnages dans une réalité pragmatique, qui n'était enjolivée que par leur propre fantaisie (le fantome inévitablement démasqué à la fin qui se révèle n'être qu'un escroc pitoyable). Au cinéma on met à défaut le bon sens de nos héros en noyant leurs certitudes dans un surnaturel vaudou de pacotille mais qui se réclame d'une véracité totale. Très étrange… Les laboratoires d'effets spéciaux américains sont les rois de l'illusion, mais ils ne souhaiteraient pas admettre que leurs créations soient des fabulations comme le démontraient Hanna et Barbera initialement? Ou est-ce simplement un acharnement des studios à nous confiner dans un obscurantisme naïf et régressif? Tout cela n'est qu'un divertissement plaidera le bon public, celui qui ne souhaite plus que s'évader 90 minutes en se déconnectant le cortex.
En se résignant à paraître affable, nous souhaiterons en rire. Malheureusement Raja Gosnel n'est pas un habitué de la finesse, comme en témoignait déjà son Big Mamma. Le paresseux se limite à clouer ses gags à grands coups de maillet en usant des divers rots et flatulences faute de situations ou de répliques percutantes. L'éructation est toujours efficasse il est vrai, mais elle témoigne surtout d'un sacré manque d'inspiration. On cherchera à se rattacher à la performance technique comme bien souvent dans ce type de film. La principale attraction reste évidemment le chien Scooby. Sa modélisation, son animation sont dernier cri, mais artistiquement son expressivité cartoonesque provoque un décallage flagrant. Il reste toon là où ses compagnons sont des êtres réels et on n'est malheureusement pas dans Roger Rabbit. Trop excessif donc, le compromis fonctionne à condition de fermer les yeux. Les autres protagonistes sont plutôt réussis pourtant, les costumes inspirés du dessin animé et les coiffures sont hilarants une fois mis en place sur le corps des acteurs. Ceux-ci ont la sagesse de s'effacer totalement derrière leur personnage, les rendant crédibles grâce à leur haute humilité et la variété de leurs compétences inscrites sur leur CV. Peu de prises de risques toutefois. Gellar fait dans les arts martiaux, pour ne pas décevoir les attentes des fans de Buffy, Matthew Lillard exploite son physique de grand dadet phantasque comme il l'a fait dernièrement dans 13th Ghosts et parait ainsi idéal pour lacher des dialogues du style "C'est total panique à la mort cette cabane". Bref du booking en catalogue auquel n'échappe pas Rowan Atkinson et son physique caoutchouteux, remarquement sous employé ici dans l'étroitesse de son rôle.
Un divertissement convenu de plus, hypocritement dosé par une industrie qui s'est engagée dans une vaste opération de récupération. A défaut de marquer la mémoire du spectateur, Scooby-Doo renouvellera les stocks de marchandising. C'est pas grave, c'est prévu pour…
 
petsss

 
 
 
 

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