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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Signs & Wonders
USA / 2000
29.03.00
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STRANGE
Signs & Wonders est un film cosmopolite. Il l’est d’abord par ses personnages : Alec est américain d’adoption, Marjorie est américaine d’origine grecque et Andréas est grec. Tous vivent à Athènes qui est ici une sorte de no man’s land, une ville qu’on a du mal à identifier et qui nous offre un curieux mélange de lieux et d’habitants.
Il l’est ensuite dans sa construction : le scénario émane d’un Américain élevé en Europe (Jonathan Nossiter) et d’un Britannique vivant aux Etats-Unis (James Lasdun). L’interprétation est également internationale : Stellan Skarsgard est suédois, Charlotte Rampling britannique et Déborah Kara Unger canadienne. Enfin, le film est produit par Marin Karmitz, français émigré roumain.
Il ressort de ce cocktail détonnant une foison d’influences et un effondrement des repères habituels : à l’heure de la mondialisation, Jonathan Nossiter nous propose un choc de cultures dans un univers mal défini. Signs & Wonders ne répond à aucun code connu et est par là-même assez déroutant.
Cette étrange sensation que l’on éprouve en regardant ce film est amplifié par la manière de filmer : après avoir longuement réfléchi sur le support qu’il adopterait, Jonathan Nossiter a finalement opté pour la caméra vidéo. Les images sont ainsi très brutes et heurtées (bien que retravaillées, contrairement aux films du Dogme dont le réalisateur ne se réclame absolument pas). Lors des scènes de rues, on a le sentiment que le chef opérateur se faufile entre les gens et qu’il les bouscule de temps à autres.
Les sons contribuent à nous plonger dans cet univers très étrange : des sons étouffés qui nous donnent l’impression d’être sous l’eau et une musique oppressante (la musique originale a été composée par Adrain Utley des Portishead).
On peut regretter quelques excès dans la peinture des personnages : la petite fille est quelque peu opaque. En caricaturant, on pourrait penser avoir affaire à une sorte de figure de films d’horreur. On a parfois l’impression qu’elle est possédée et que l’on va assister à une scène diabolique et surnaturelle! Le père est une sorte de raté qui change de vie au fil des signes qu’il trouve sur son passage. L’importance qu’il accorde à ces signes (voitures recouvertes d’une bâche, réverbères allumés, rencontres fortuites...) relève d’un comportement systématique et puéril. En revanche, les personnages incarnés par Charlotte Rampling et Dimitris Katalifos sont parfaits et rivalisent de sobriété et d’authenticité. laurence
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