|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Les amants criminels
France / 1999
18.08.99
|
|
|
|
|
|
JEUX INTERDITS
"- Luc, est-ce que tu m'aimes?"
Le second film de François Ozon est la caricature d'un cinéma prise de tête, un film "qui troue le cul" (passez-moi l'expression) dans tous les sens du terme (Jérémie Renier découvre la sodomie malgré lui mais pour son plus grand plaisir), ce qui a tendance à nous donner l'envie de vomir. Le titre voudrait nous rappeler le film d'Arthur Penn (Bonnie and Clyde). Mais plus le film avance, plus l'inconsistance - finalement très voyante du propos d'ensemble - donne au film une raison d'exister sans de réels états d'âme. On y verra bien un pastiche des films de Walt Disney dans la scène d'amour animo-buccolique, un intérêt pour l'anthrophagie, l'homme primaire, l'homosexualité (du touche pipi au viol consentant). On acceptera les références à Belle de Jour,la perversité faisant place à un certain sadomasochisme désagréable, vain et même pas choquant. Juste indigeste tellement les personnages sont peu sympathiques.
Dans le long métrage de François Ozon, on passe du meurtre d'un maghrébin, manigancé par une fille véritablement folle, à un mini road movie entraînant les deux criminels à fuir, tout en cherchant à sa débarasser d'un cadavre devenu gênant. Leur rencontre avec l'Homme des bois amène le spectateur dans un huit clos étouffant et nauséabond.
Il y a en outre dans ce film un Buñuel qui s'ignore, beaucoup d'effets surréalistes inutiles et puériles, un dandysme qui flotte sur la toile de fond de sa propre infignifiance. On sent une dimension émouvante dans le personnage de l'Homme des bois, dont l'art subtil consiste à culpabiliser les autres, et notamment Luc.
Mais en fait, tout ça, c'est un peu court. Sur un plan délirant, cela peut marcher. François Ozon entouré de ce couple maudit s'est sans doute amusé au tournage à peaufiner les dialogues, les plans et la mise en scène, même si le spectateur ne s'amuse pas du tout - voir le sinistre pastiche de Hansel et Gretel qui exploite le fond de commerce douteux du second degré: le couple se fait enfermer dans la cave d'un ermitte qui préfère "les filles sèches et les garçons dodus"... Le cinéaste exhorte toutes ses peurs d'enfance et ses fantasmes sexuels. De pauvres fantasmes qui rappelle un peu le pitoyable Romance. A croire que le sexe rend triste. Et la chair sentirait-elle tant la mort?
Il ne sera donc pas criminel d'ignorer ce film. On aurait tant voulu l'aimer... chris
|
|
|