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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Small Time Crooks (Escrocs mais pas trop)
USA / 2000
06.12.00
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NOUVELLE ECONOMIE, VIEILLES FICELLES
"- Si j'évolue et que tu restes idiot, on aura de gros problèmes."
Heu-reux! On sort content de ce Woody édition 2000. Une comédie alerte et acerbe, qui croque le couple, l'économie, les fantasmes matérialistes et renoue avec un certain amour de l'artisannat et du "fait maison".
Il y a un côté comédie américaine des années 30. Les gags s'enchaînent, on s'attache aux personnages presque grotesques - et véritable attraction du film - et les quiproquos ne sont là que pour conduire un scénario cousu de fil blanc.
Car il n'y a rien de particulier à voir l'ascension de ratés quasi marginaux, voguant vers une prospérité opulente et factice, luttant avec déchirement contre leur déclin inévitable. Escroc de pacotille ou nouveaux riches en toc, la morale rejoint le vieil adage, "L'argent ne fait pas le bonheur".
Ca démarre sur les chapeaux de roue. Allen impose sa dégaine de looser fauché; il doit amadouer sa femme, un peu plus pragmatique, prête à subir sa fatale existence en enterrant ses rêves jour après jour. Il lui offre donc dès le départ une boîte de chocolats faîtes par des "Belgiumites". De ce cadeau empoisonné, le cinéaste-scénariste-comédien nous amènera par d'incroyables hasards et d'improbables détours à une liste d'imbroglios : le rachat d'une boutique qui se passe mal, des muffins qui rendent sa femme célèbre dans toute la ville, une inondation de cave digne de l'Apprenti Sorcier, la capitalisation d'un empire kitsch de l'alimentation, la rencontre d'un escroc trop beau d'origine britannique... et le tout en une demi-heure.
Allen n'a rien de perdu ni de sa verve ni de sa célérité. Il se penche à la fois sur la haute bourgeoisie VIP de sa ville, les relations d'un couple qui se voit vieillir et qui se croit usé, et s'interroge ainsi sur le rapport à l'argent, à l'âge, et au final à la durée en amour.
Avec un génie délirant, et admirable après tant de films, il parvient à nous faire rire avec une histoire à deux dollars, à nous éblouir avec du pur cinéma, en se basant sur des sujets réels et cruels.
Fraude comptable, mépris des élites, hypocrisie, ... le film ne mâche pas ses maux. L'escroc n'est d'ailleurs pas celui qu'on croit. Un petit filou n'est rien si l'on compare à la gigantesque escroquerie qu'est l'économie...
Au delà de l'absence de repères stylistiques, la réalisation épouse avant tout un rythme et un narration (dialogues, scénario). L'écrit et l'oral dominent le visuel. Bien sûr l'auteur se régale. Par exemple, ce reportage TV mi-docu mi-pub, "jubilatoire", à la fois anti CNN et pastiche à la TVN 595 (by Les Nuls).
On retiendra surtout les acteurs, et notamment l'immense woman show Tracey Ullman, méconnue hors USA, aussi à l'aise dans son costum de cuisinière qu'en fourrure vulgaire léopard. La vraie pépite du film, c'est elle. Sa relation sincère, touchante et fidèle avec son mari fait du film une très belle histoire d'A. qui semble en redemander : "Woody, dis moi oui". Et à la fin, ils furent heureux, comme nous, se remarièrent et eurent beaucoup de dollars ensemble. Ou presque. vincy
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