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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Cooler
USA / 2003
18.08.04
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LEAVING LAS VEGAS
" - Toi t’es comme Ken, t’as pas de bite !"
Les Bernie sont décidemment des types peu fréquentables. Mais à chacun son style. Si le spécimen franchouillard arbore une élégante pelle assassine mariée à un sourire vicelard des plus effrayants, son équivalent américain lui (William H. Macy, l’inoubliable Jerry Lundegaard de Fargo), paraît presque ridicule affublé de son costard trop grand, de ses cernes taille XXL et de son teint blanchâtre à faire pâlir le plus célèbre des rois de la pop. Pas moins dangereux pour autant. Car Bernie Lootz est le genre de garçon à vous détrousser de vos maigres économies placées inconsciemment sur une fichue table de Roulette Anglaise ou de Punto-banco. Ou à assécher illico presto le flux continu des machines à sous. Pas d’arme blanche dans les poches ou de guide du "parfait escroc" pour notre Bernie, mais seulement une poisse générale aussi inouïe qu’inexplicable. Une simple main posée sur votre épaule et votre butin s’effrite. Une fois sa triste mission accomplie, Bernie s’enferme dans un appartement glauque, déserté par son chat, un voisin bruyant et des fleurs mortes pour seule compagnie. Alors quand ce loser invétéré s'entiche d’une adorable mais tout aussi perdue serveuse, on se dit que les candidats aux jackpot n’ont plus qu’à s’exiler. C’est sans compter sur… la chance.
Cette improbable histoire d’amour est la première grande surprise de Lady Chance. Plébiscitant nerveusement –mais avec un certain talent – les filons du film noir, le jeune débutant Wayne Kramer s’aventure à dresser un portrait touchant et saisissant de deux âmes en peine en quête d’un peu de répit. Jamais héroïques ou stylisés, ses deux anti-héros parviennent à émouvoir grâce à leur naïveté et leur simplicité. Personnage humble qui avoue s’être inspiré de ses propres déboires pour les besoins du scénario, Wayne Kramer adopte un ton léger et décalé qui épouse à merveille l’univers oppressant du casino et de Las Vegas. Les gags et les situations, délibérément répétitifs, entraînent parfois Lady Chance à mille lieux des sentiers habituellement empruntés par le polar et frôle avec la magie du film d’auteur. Le plaisir charnel comme la violence la plus insoutenable n’acquièrent jamais ici la fonction voyeuriste si chère à Hollywood.
Motivé sans doute par l’envie de prouver son efficacité, mais effrayé plus encore par les références cinématographiques qu’il s’impose (le nom du casino Shangri-la renvoi à Capra et Horizons perdus entres autres), Kramer enraye sa belle machine à grands coups de ralentis et de tics visuels éprouvants et maladroits et par un dénouement faussement alambiqué. Cette "erreur de jeunesse" ne saurait pourtant pas effacer une surprenante maîtrise d’acteur qui permet à Lady Chance de s’élever bien au-dessus des récentes productions américaines. Il faut voir Alec Baldwin (peut-être son meilleur rôle depuis Glengarry de James Foley… en 1992) se battre avec la rage des condamnés pour la survie d'un paradis perdu qui ne transparaît plus qu’à travers les murs du Shangri-la. Admirer son aveuglement presque amoureux pour retenir l’unique être qui ait un tant soi peu compté. Même s’il ne s’agit là que d’un poissard. Face au désespoir de ce mort-né, les très communs (mais non moins talentueux) Maria Bello et William H. Macy ne peuvent qu’espérer sortir indemnes et ressuscités de cette sordide aventure. La façon presque maternelle avec laquelle Wayne Kramer les protège et les illumine, renvoie au second plan les imperfections de Lady Chance et la trame policière parfois poussive. Reste maintenant à prouver que la réussite de ce premier long métrage ne doit rien à une quelconque chance du débutant. jean-françois
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