Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 6

 
Amen. (Le Vicaire)


France / 2002

27.02.02
 



A PEINE





"- Je me sens coupable comme spectateur et aussi comme prêtre."

Sans être un chef d'oeuvre, Amen., adapté (peu fidèlement) d'une pièce géniale, renoue avec les films polémistes et politiques de Costa-Gavras. Inégal, le film semble hésiter constamment entre le divertissement, scénarisé à l'américaine, et un sujet plus européen, plus critique, très loin d'une dévotion à la religion.
Le malaise, essentiellement, provient de cette volonté de "rythmer" son histoire. Les trains passent comme un compte à rebours à l'inéluctable. Costa ne montre pas l'holocauste mais en fait un élément ponctuant dramatiquement son script. En cela, il passe à côté de l'horreur. Les morts ne sont qu'un contexte, un sujet central dans l'interminable ballet diplomatique, des simples données (en millions) dans une discussion. Là où Costa réussit son coup, c'est dans sa vision du Vatican. Des dessous dignes de journaux satyriques et des meilleurs reportages d'investigation. Les tourments du Pape, les silences officiels, les calculs politiques et les atermoiements de tous démontrent toute l'ambiguïté de l'Eglise face au Régime Nazi, mais aussi sa haine des Juifs et quelquepart du Stalinisme. En fondant son film sur deux incompris, deux résistants de l'intérieur, deux "sacrifiés" reconnus de manière posthume, il place son propos dans un cadre où le système semble le plus fort. La fin, totalement acide, est d'un cynisme rare et bienvenu. Le seul qui en réchappe, avec la bénédiction d'un Vatican qui ne refuse rien à un catholique, est le personnage le plus monstrueux, le plus opportuniste.
Eux savaient, en tout cas. Ils étaient les témoins occulaires de cet enfer. Des personnages d'une autre trempe, partagés entre leur appartenance (famille, religion patrie, travail) et leur conscience. Incarnés par d'excellents acteurs, Amen, sans atteindre des summum d'émotion, nous sensibilise très vite à leurs exploits, souvent invisibles, à leur foi infinie en l'homme et en leur Dieu. Jusqu'à leur perte. Ils veulent comprendre, mais il n'y a rien à comprendre. L'absurde se résume à l'arithmétique froide et ignoble d'un exercice de maths pour justifier comment l'extermination des fous peut abriter des dizaines de prolétaires... Les crimes sont dépassionnés, durs, vous glaçant le dos.
Vu, revu? Pas sûr que cela suffise à une époque où on juge un Milosevic. Techniquement on sent le détour par Hollywood de Costa Gavras; Amen est avant tout un scénario quasi "policier" autour d'un épisode inconcevable de l'Histoire. Le réalisateur y a légitimement apporté sa vision des choses, faisant un douloureux rappel sur l'impuissance de l'information comparé aux intérêts personnels. Véritable pamphlet accusant le Vatican de complicité de crimes contre l'humanité, le cinéaste n'a pas perdu sa verve cinématographique. On sort du film partagé sur cette schizophrénie entre une Shoah qui sert de toile de fond floue et une histoire - en partie vraie - totalement révoltante pour les Innocents. Il nous reste "la peine et la colère" , et finalement bien peu d'espoir en la religion. En tout cas, Amen n'est pas une prière, ni un pardon. Mais bien une prise de position. Un J'accuse déterré par ceux qui veulent oublier...
En cela, tout à la fois efficace et pédagogique, Costa-Gavras s'est livré à une contrition utile, mais parfois trop passionnée et donc maladroite. Les faits demeurent : un crime contre l'humanité, et la lâcheté du Vatican face à l'inimaginable.
 
vincy

 
 
 
 

haut