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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Sum of All Fears (La somme de toutes les peurs)
USA / 2002
24.07.02
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LES EXPERTS
"- Qui va acheter ça?
- Y a toujours un preneur pour ces merdes."
En sortant du film, le spectateur ne sait pas très bien s'il doit se réjouir que la CIA ait évité une catastrophe nucléaire globale ou s'il faut s'inquiéter qu'elle ait laissé exploser une bombe dans un centre ville américain. Il s'agit du quatrième épisode des aventures de Jack Ryan portées au cinéma. Aucun, et celui-ci le confirme, n'arrive à la hauteur de The Hunt for Red October, premier du genre. La Somme de toutes les peurs, un roman ambitieux, complexe, est ici réduit à une production lisse esthétiquement et lourde scénaristiquement.
Au lieu de cumuler les peurs, de nous multiplier l'adrénalyne et de nous angoisser sur le sort du monde, tout se déroule comme si nous étions face à une simulation à laquelle nous ne croyons jamais, à l'instar de cette première séquence avec le Président où l'on sait qu'il y a quelque chose de faux dès le départ. Le script, qu'il aurait fallu intelligent, subtil, tordu, devient un synospis concis, linéaire, factuel. Il manque des étapes entre certaines séquences; trop d'invraisemblances comportementales nuisent à la crédibilité des personnages; l'explosion nucléaire est même traitée légèrement, sans explication de sa plausibilité. Il ne faudrait pas oublier le simplisme de l'analyse géopolitique et l'inutilité du jargon stratégique qui ne signifie rien aux profanes.
Le film apparait donc comme un thriller banal sans aspérités, sans enjeux. La musique est souvent pompière. Les images trop souvent gratuites pour la gloire de l'Armée. Les scènes établissant les rapports relationnels entre les protagonistes semblent trop facilement écrites. La mécanique est certes bien huilée, mais nous voilà anesthésiés, désensibiliser ou complètement indifférents à ce qui devrait être une véritable menace paranoïaque.
Sans noirceur ni tourments, La somme de toutes les peurs n'est que le résultat d'une addition d'éléments garants d'une recette au Box Office. L'unique peur aurait été celle de l'échec. Ben Affleck en assurance dollars rempli son rôle et reprend le flambeau, incarnant le jeune Jack Ryan, comme si nous regardions une prequel d'une série déjà vue. Il n'est pas encore à l'aise dans le costard, manque de charisme et montre toutes les limites de son jeu. En face de lui, Morgan Freeman domine le jeu, parfait et royal. Dans ce jeu d'espions, les producteurs ont juste oublié la jubilation que l'on peut ressentir face à l'action, trop concentrés à leurs effets spéciaux. vincy
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