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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Tais-toi!
France / 2003
22.10.03
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LE CERVEAU
"- Rien à foutre je veux des euros français !"
Francis Veber serait-il en bout de course ? Le scénariste le mieux payé du cinéma français tourne en rond, c’est certain. Après un générique très laid, nous avons le droit à une scène d’ouverture déjà vue : le hold-up. Si l’on ajoute la scène de travestissement, cela fait deux éléments piqués à un autre de ses films, Les Fugitifs. Et tout le film aura cette sensation de déjà vu. Tais-toi c’est une succession de courts-métrages à l’ambition comique. Veber nous prouve une fois de plus qu’il est un bon créateur de gags, qu’il peut faire tenir une scène sur une réplique absurde. La meilleure séquence repose sur le duo Depardieu-Dussollier, seul échange bien écrit du film, où deux comédiens nous amusent et parviennent à nous faire sourire face à cette tâche en cascade.
Car constatons-le, dans l’action, Veber est moins convaincant. L’attaque du blindé est bâclée. Ne parlons pas du final, expédié. Alors nous comprenons : le scénario n’est qu’un prétexte pour ce duo archi-exploité par ce même Veber : le dur et le crétin. Le dialogue reste le fil conducteur de l’histoire. Parfois ça marche, parfois on s’en fiche éperdument. L’histoire n’a aucun intérêt parce que la partie dramatique (le meurtre de la femme) est filmé en trente secondes. On ne saisit pas l’enjeu parce que Veber ne fait pas confiance à son histoire et ne nous embarque pas dans une comédie noire mais dans une farce rocambolesque. Le film aurait mérité dix minutes de plus, dix minutes un peu plus sombres. Au lieu de cela, il se repose sur les acteurs. Oublions les seconds rôles excepté Dussollier bien trop rudimentaires. Réno rejoue une déclinaison de son personnage de tueur tendre, de dur capable de ne pas rire. C’est Depardieu, dans le rôle mi-Pierre Richard, mi-Bourvil, qui nous surprend. Il imite à la perfection le cheval, et parvient à nous faire croire qu’il est vraiment demeuré. Autant il était peu crédible, voire caricatural, en homo refoulé dans Le Placard, autant, il étonne par sa capacité à nous faire rire avec cette naïveté débile qui l’habite durant tout le film. Le buddy movie fonctionne plutôt bien, une fois lancé. Mais les rebondissements sont pauvres en imagination. Veber a été paresseux, trop concentré sur l’effet de ses blagues et la précision des gags.
Surtout, avec si peu de choses à regarder dans son divertissement du dimanche soir sur TF1, il nous oblige à voir sa morale, sa vision du monde. Et là, nous avons un problème avec les limites du ressors comique, de la caricature. Les jeunes y sont vus comme des racailles à baffer : voleurs, homophobes, ... Il y a toujours matière à rire gras chez Veber, certes. Mais a contrario, pourquoi faire de la jeunesse actuelle un portrait aussi peu aimable digne d’un vieux con ? Car finalement, les crimes de Quentin et Ruby sont bien plus dangereux pour la société. Impunis, ces deux là, meurtriers, cambrioleurs, peu respectueux du code de la route, s’en tirent mieux, dans le film, que ces lascars coupables de vols de BMW, de téléphone portable ou de remarques anti-folles. Film réac au scénario facile, film court avec peu d’intérêt, il est presque inouï d’avoir passé un bon moment grâce à la seul présence de Gérard Depardieu. Un piège à cons. vincy
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