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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Tailor of Panama (La tailleur du Panama)
USA / 2001
30.05.01
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CANAL HISTORIQUE
"- Bienvenue à Panama! C'est Casablanca, sans les héros!"
Dès le premier plan, on sent que John Boorman va nous prendre à contre-pieds. Imaginez le siège du MI6 à Londres, et Pierce Brosnan, agent de sa majesté, en train d’écouter sa prochaine mission...
James Bond ? Vous n’y êtes pas du tout. C’est bien l’inverse, même, et cela procure un immense plaisir de cinéphile de voir un cinéaste détourner (et de se moquer) du plus célèbre agent, avec une trame pourtant tout à fait sérieuse.
The Tailor of Panama est un thriller sans action, un scénario où l’intrigue se dénoue avec des visages et des mots, des manipulations et des mensonges. Avec son décor exotique, Boorman plonge ses personnages dans une sorte de " trou du cul " du monde dont personne ne réchappe. Cet enfermement, ou isolement, permet de mieux confronter les fortes personnalités de cette histoire. Car au delà d’un script très bien écrit, le film est surtout porté par ses acteurs. Geoffrey Rush, qui une fois de plus, en changeant de costume, nous surprend en papa poule, tailleur pour les grands de ce monde et menteur lâche... Parfait dans ce rôle taillé sur mesure, Rush, dans son désarroi comme dans son impuissance, apporte une touche d’émotion rare dans ce genre de films. Mais le plaisir ne serait pas intense si en face il n’y avait Brosnan, dans sa meilleure interprétation à date. 007 joue un espion qui n’a rien à voir avec le héros de Fleming. Pour arriver à ses fins, il n’hésite pas à corrompre, à mater des films pornos sur des lits à remous, à danser avec son indic dans une boîte gay (ça vaut le coup d’oeil) ou à baiser sauvagement pour son propre plaisir, et non dans le but de l’enquête. Brosnan, avec un vrai travail de son élocution et de son cynisme, parvient à restituer parfaitement un super - agent plus ou moins raté. A cela s’ajoutent des seconds-rôles excellents comme Brendan Gleeson, Jamie Lee Curtis et Dylan Baker.
Mais le film, qui déroutera les fans de poursuites en voiture, les scènes finales à l’Apocalypse Now, est aussi un travail de mise en scène recherché. Certaines scènes sont esthétiquement très réussies : la première réunion dans l’Ambassade, la baignade dans le Canal,... de vrais tableaux de la part d’un amoureux du cinéma.
Le film pourrait presque être qualifié de sophistiqué. Boorman parvient même à mélanger un cinéma d’aventures très " fifties " à un suspens totalement contemporain. C’est à ce jour la meilleure adaptation d’un roman de John Le Carré, ne serait-ce parce qu’il prend les spectateurs pour des êtres intelligents. Jamais l’histoire ne paraît complexe ou incompréhensible. Et jamais le film ne s’égare dans des voies romanesques ou mélodramatiques. Pourtant la psychologie soutient toutes les relations entre les personnages, jusqu’à leur renvoyer leur part d’ombres et de ténèbres, et donner au final un vrai sens à leur vie. Il n’y a pas de morale dans The Tailor of Panama, et c’est tant mieux. Il n’y a d’ailleurs ni méchants, ni gentils. Juste une paranoïa aigue entre des puissances politico-économiques, entre des gens flirtant entre plusieurs cultures, dans une ville à la fois trait d’union et impasse.
The Tailor of Panama est un film de climat. Pas seulement chaud et humide, mais bien étouffant. Tout le monde y cherche son oxygène : cocaïne, dollars, ou plus simplement un peu de bonheur vincy
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