Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 25

 
American beauty


USA / 1999

02.02.00
 



PASSAGE A L'ACTE





"-Regardez moi en train de me palucher sous la douche. C'est le meilleur moment de ma journée."

Le titre est trompeur. Le sujet aussi. American Beauty n'est pas l'histoire d'une jeune fille, belle, rêvant dêtre mannequin, et suscitant les désirs les plus fougueux d'un père de famille un peu bedonnant. American Beauty est une sorte de pamphlet sur notre vie quotidienne, mais aussi un constat sur ce que nous sommes, et enfin un regard sur les choses les plus belles, et donc les plus inattendues. La beauté américain est ici un descriptif cynique d'une société que l'on croit idéale, formatée pour notre bonheur et qui ne crée que des malheurs, névroses, obsessions, mensonges, hypocrisies, folies...
C'est un thème récurrent dans le cinéma actuel, cette aliénation de l'homme par le système qu'il a fabriqué. Chacun s'en sort à sa manière. Pour Lesther, on saura d'entrée qu'il en mourra. Comment, par qui? ça n' a aucune importance. Ce premier film de Sam Mendes repose avant tout sur un script. A part le couple voisin (homo), tout le monde pète les plombs. Lesther ne baise et ne bosse plus. Les affaires vont mal pour l'épouse chic et parfaite Caroline, qui se réfugie dans le sexe et les armes à feu. Jane voit tout en noir et trouve ses seins trop gros. Sa meilleure amie se ment à elle-même pour combler un vide existentiel. Et les nouveaux voisins sont un peu bizarre. Ce scénario est fluide, précis, sans effets pompiers, implacable.

Il est remarquablement interprété par tous. En solo ou en duo, à poil ou en train de chanter, les acteurs délivrent ce qu'ils ont fait de mieux jusqu'à prséent. On craque devant le sourire gamin, serein et innocent de Spacey, comme devant les crises de nerf de Bening.
Mais American Beauty ne mériterait pas toutes ses louanges si la réalisation n'était pas elle aussi, brillante. Avec un montage risqué - prenant parfois le temps de filmer le beau -, Mendes nous conduit dans le rythme de la vie, faisant évoluer ses personnages de manière équilibrée et presque réelle. De pétards en flingues, d'insultes en baston, de détails du passé qui resurgissent en rêves qui n'aboutissent pas, sa caméra filme tout, n'oublie rien, et nous renvoie des échos transgénérationnels sur l'existence humaine.
La direction artistique est aussi à souligner. Déco, photo, et surtout lumère... tout contribue à rendre le film profondément touchant, et intelligent. Que ce soit la séquence finale (le sang sur le carrelage blanc, la tête du mort s'y reflétant) ou la découverte du désir de Spacey (la pompom girl et ses pétales de rose), le cinéaste ne fait pas dans la surenchère, et privilégie l'onirisme, l'ambigüité et l'équivoque (sublîme quand il s'agit du Colonel).

De la férocité économique (Fight Club) à l'oenanisme de l'anti-héros (c'est la mode : la tendance est à la masturbation), le film ne raconte rien de neuf. Le temps passe, les désillusions des années vécues nous font idéaliser notre jeunesse, on devient léthargique, perdant, victime. L'originalité de ce film provient plus de la folie des gens : comment vivre avec cette folie, l'apprivoiser?
C'est surtout l'histoire d'un passage à l'acte, collectif et individuel : chacun veut changer de vie, et chacun pourra le faire grâce aux autres. Passer à l'acte, ça peut-être divorcer, tuer, aimer, comprendre...
Au final, le drame est superbe, noir et cruel, réaliste et rêveur, doux et amer... American beauty est un film sombre et simplement beau.
 
vincy

 
 
 
 

haut