Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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American beauty


USA / 1999

02.02.00
 



PASSAGE A L'ACTE

Le livre Bye Bye Bahia



"-Regardez moi en train de me palucher sous la douche. C'est le meilleur moment de ma journée."

Le titre est trompeur. Le sujet aussi. American Beauty n'est pas l'histoire d'une jeune fille, belle, rêvant dêtre mannequin, et suscitant les désirs les plus fougueux d'un père de famille un peu bedonnant. American Beauty est une sorte de pamphlet sur notre vie quotidienne, mais aussi un constat sur ce que nous sommes, et enfin un regard sur les choses les plus belles, et donc les plus inattendues. La beauté américain est ici un descriptif cynique d'une société que l'on croit idéale, formatée pour notre bonheur et qui ne crée que des malheurs, névroses, obsessions, mensonges, hypocrisies, folies...
C'est un thème récurrent dans le cinéma actuel, cette aliénation de l'homme par le système qu'il a fabriqué. Chacun s'en sort à sa manière. Pour Lesther, on saura d'entrée qu'il en mourra. Comment, par qui? ça n' a aucune importance. Ce premier film de Sam Mendes repose avant tout sur un script. A part le couple voisin (homo), tout le monde pète les plombs. Lesther ne baise et ne bosse plus. Les affaires vont mal pour l'épouse chic et parfaite Caroline, qui se réfugie dans le sexe et les armes à feu. Jane voit tout en noir et trouve ses seins trop gros. Sa meilleure amie se ment à elle-même pour combler un vide existentiel. Et les nouveaux voisins sont un peu bizarre. Ce scénario est fluide, précis, sans effets pompiers, implacable.

Il est remarquablement interprété par tous. En solo ou en duo, à poil ou en train de chanter, les acteurs délivrent ce qu'ils ont fait de mieux jusqu'à prséent. On craque devant le sourire gamin, serein et innocent de Spacey, comme devant les crises de nerf de Bening.
Mais American Beauty ne mériterait pas toutes ses louanges si la réalisation n'était pas elle aussi, brillante. Avec un montage risqué - prenant parfois le temps de filmer le beau -, Mendes nous conduit dans le rythme de la vie, faisant évoluer ses personnages de manière équilibrée et presque réelle. De pétards en flingues, d'insultes en baston, de détails du passé qui resurgissent en rêves qui n'aboutissent pas, sa caméra filme tout, n'oublie rien, et nous renvoie des échos transgénérationnels sur l'existence humaine.
La direction artistique est aussi à souligner. Déco, photo, et surtout lumère... tout contribue à rendre le film profondément touchant, et intelligent. Que ce soit la séquence finale (le sang sur le carrelage blanc, la tête du mort s'y reflétant) ou la découverte du désir de Spacey (la pompom girl et ses pétales de rose), le cinéaste ne fait pas dans la surenchère, et privilégie l'onirisme, l'ambigüité et l'équivoque (sublîme quand il s'agit du Colonel).

De la férocité économique (Fight Club) à l'oenanisme de l'anti-héros (c'est la mode : la tendance est à la masturbation), le film ne raconte rien de neuf. Le temps passe, les désillusions des années vécues nous font idéaliser notre jeunesse, on devient léthargique, perdant, victime. L'originalité de ce film provient plus de la folie des gens : comment vivre avec cette folie, l'apprivoiser?
C'est surtout l'histoire d'un passage à l'acte, collectif et individuel : chacun veut changer de vie, et chacun pourra le faire grâce aux autres. Passer à l'acte, ça peut-être divorcer, tuer, aimer, comprendre...
Au final, le drame est superbe, noir et cruel, réaliste et rêveur, doux et amer... American beauty est un film sombre et simplement beau.
 
vincy

 
 
 
 

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