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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Eros Thérapie
France / 2004
25.08.04
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EROS, LESBOS ET THANATOS
"- Tous ces poils, vraiment j'aime pas ça du tout!"
Tous les espoirs étaient permis. Mais à force de confondre littérature, théâtre et cinéma, le film devient rapidement artificiel, factice même. Eros Therapie est une tentative. Mais nous ne savons toujours pas quel en était le motif. Car concrètement, réaliser un fantasme doit aboutir à une forme de libération ou de jouissance. Clairement, nous n'avons ni l'un ni l'autre. Comme le dernier film d'Ackerman ou celui de Labrune, il y a un maniérisme énervant. Une distance volontaire entre les réflexions masturbatoires, les jolis mots, l'absurde bien fabriqué, de ces femmes qui meublent leur film comme on décore un bel appartement, une distance entre elles et le spectateur, jamais concerné par leurs séances neuronales.
Passons encore sur la laideur ambiante, sur la mise en scène affligeante, sur cette théâtralité mal venue. Eros Therapie n'assume pas son voyeurisme (on y parle de domination, de soumission, d'intrusion, mais jamais de pénétration). A l'image de Claire Nebout : "pas de fallation, pas de pénétration". C'est direct. Mais du coup nous assistons à un charabia psy ("C'était fusionnel") comme si désormais le cinéma servait de divan aux réalisatrices... N'est pas Woody Allen qui veut.
Un film où la star s'éclipse 20 minutes c'est toujours périlleux. La Frot manque et tout est dépeuplé. Il y avait un magnifique couple (Frot/Carré), et l'on finit avec celui de Lvovsky, bien sage, bien sentimental. Tout ça pour ça? De la liberté amoureuse, il faut que la morale l'emporte pour aboutir au schéma hétéro classique?
Le film est sado-maso ceci dit. Il questionne la sexualité et ne la montre jamais. Elle reste au niveau du cortex. Froid et clinique, on ne rentre pas dedans. Autant allez se faire voir ailleurs!
Rien ne s'enchaîne avec ce scénario décousu. Ici les meurtres, les vaudevilles, les délires ne parviennent jamais à restituer la juste émotion. Le film manque de punch. Le montage aurait mérité d'être taillé de quinze bonnes minutes (tout comme ma critique aurait mérité juste dix lignes). Le propos aurait été mieux servi en se concentrant sur les quatre personnages et non pas en délirant sur des seconds rôles qui finalement n'ont rien d'important (pov' Julie Depardieu). Tout semble écrit, rien ne paraît vécu. Parfois c'est mal joué. Que les comédiens, qu'on adore, rament! A force de s'emmêler les pinceaux dans les stratagèmes, à force de flirter avec Ruiz (en mode très mineur), Dubroux n'échappe pas au cliché et à la caricature. A une certaine facilité. Son surréel, qui autrement aurait pu être intéressant si la caméra n'avait pas copié platement le script, devient vite grotesque et indifférent. Ces portraits de gens mal dans leur peau, cherchant à exorciser leur mal être, auraient pu donner une galerie fantasque en poussant le bouchon plus loin. L'allégorie fonctionne bien. Le "Freud illustré", trop vulgarisé, nous emmerde. Obsession oenaniste, Eros Therapie échoue à parler des femmes et tout autant des hommes.
Un comble. Cela n'a ni queue ni tête. On sauvera l'ensemble avec Poupaud, parfait, comique et inquiétant, vedette et élégant. Heureusement qu'il y a les ressuscités pour nous réveiller, morts d'ennui. Dans ces contingences, circonstances, manigances, la thérapie n'aura pas été de choc. On aura juste appris que le mâle attrape les femmes comme des vaches, au lasso, et que la femme a l'esprit qui varie. Le film plaira sans doute à la critique d'arrière garde... Ou aux lecteurs de Psychologies. vincy
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