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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Underworld
USA / 2003
14.09.03
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CROCS NEO & JUS DIÈTE
" Il ne t’est pas venu à l’idée qu’il te faudrait saigner pour réussir ton coup ? "
Les producteurs se félicitent de la longévité légendaire des diverses créatures de la nuit. Ne se satisfaisant pas de les extirper régulièrement de leur tombeau pour composer quelques juteuses recettes, on confie dorénavant aux poussiéreux immortels la lourde tâche de s’adapter à la redoutable fluctuation des modes et tendances. Il ne faudra donc pas s’étonner en ouverture de Underworld, de voir nos familiers amis débouler dans le métro, vêtus de cuirs dernier cri et s’employer à se canarder avec frénésie façon Matrix. Car c’est bien du côté des frères Wachowski que louchent avec envie les auteurs de ce divertissement aux ambitions ronflantes. Non content de s’exalter dans le spectaculaire, Len Wiseman se fixe pour objectif de construire une nouvelle mythologie susceptible de faire une percée sur un marché déjà passablement saturé. Loin de provoquer une révolution en procédant à une radicale table rase des clichés, le monsieur s’attache surtout à monter son entreprise de bric et de broc. Certes il y a bien quelques tentatives louables pour se réapproprier le mythe, comme le fait de convoquer la génétique et la virologie pour s’efforcer de réhabiliter l’existence des monstres dans notre rationalité. L’astuce se révèle vite contradictoire et inutile. Si les cousins de Dracula tendent à devenir des personnages dénués de leur panoplie habituelle de farces et attrapes, pour modestement se présenter comme une banale famille de gothiques fans de Nine inch nails et atteints d’une maladie incurable, leurs rivaux lycanthropes en revanche ont conservé leurs atouts transformistes que ne saurait raisonnablement expliquer une infection virale… Ce parti pris médical moderne n’a d’autant peu de raison d’être que la direction artistique du film s’éloigne rapidement des repères contemporains pour s’enfoncer dans un environnement antique empreint de nostalgie évoquant le Dark City de Alex Proyas (on voit même passer un train à vapeur ?)
Pour le reste, le récit se développe autour du bon vieux principe d’antagonismes du cinéma de gangs. La racine éternelle serait "Roméo et Juliette" vaguement revisitée. David McBride, le scénariste, hélas n’emprunte d’ailleurs par seulement la structure essentielle de l’œuvre de Shakespeare, mais se force pompeusement à en aspirer la forme théâtrale (tellement plus respectable). La démarche aura rapidement pour effet d’alourdir une narration, déjà peu électrisante, par de pénibles séquences de dialogues dont l’écriture est loin de friser le génie mais flirte plutôt avec la platitude. Les nombreux retournements de situations seront ainsi contés plus que filmés, tout comme les flashbacks explicatifs. Manque de moyens budgétaires de compétences ou paresse de mise en scène ? Quoi qu’il en soit ces choix non maîtrisés suscitent un ennui profond et ne servent pas un film dont le moteur reste principalement connecté au dynamisme et à la fluidité de son déroulement (impossible de ne pas citer Guillermo Del Toro et son magnifiquement huilé Blade II).
L’ensemble du casting peu performant trié essentiellement sur le physique n’arrangera que fort peu les choses. Kate Beckinsale toute aussi mignonne qu’elle soit, n’est pas réputée pour dégager une présence propre à terrifier une souris chauve ou un caniche, on l’avait quittée sur son interprétation d’une jeune généticienne coincée dans le toujours inédit Laurel Canyon.
Non au-delà de quelques effets assez spéciaux, il faudra se pencher sur la photo du film (encore que trop bleutée pour certains !!) pour tirer de cette œuvre un sentiment de satisfaction. Le travail technique sur cette partie pourra marquer les esprits, curieux mixage numérique délivrant une image très graphique dont les noirs simulent l’emploi d’une encre fortement diluée d’un romantisme certain.
Serait-ce une raison suffisante pour embrayer sur une saga ? A priori non, mais les auteurs présomptueux se sont convaincus du contraire, n’attendant pas le second chapitre (ni les recettes du premier) pour décongeler à la hâte le futur protagoniste maléfique, promesse de nouveaux tourments dans une suite toute aussi captivante... Que quelqu’un pose un cadenas sur ce frigo !! petsss
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