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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La terre vue du ciel
France / 2004
22.09.04
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PHOTO MONTAGE
"- Entre avec moi dans ce pays extraordinaire où les arbres portent leurs racines sur la tête."
Etrange oeuvre qui nous est proposée là. Ni documentaire, ni fiction. Une juxtaposition de photos mondialement connues, toutes nées d'un regard, celui de Yann Arthus-Bertrand. Une terre, la nôtre, vue du ciel. Les thématiques se divisent en chapitres qui ont une vocation - un message - plutôt écolo.
Gentiment pédagogique. A ceux qui se posaient la question de savoir pourquoi il existait un tel phénomène autour de ces livres ou ces expos de photographies ultra-esthétiques, en voici une réponse : elles contribuent à nous donner bonne conscience sur la manière de protéger notre environnement. Nous nous sentons tous concernés, même si nous n'agissons en rien pour évacuer les menaces.
Regarder ces photos ne coûtent rien et permet de montrer notre intérêt pour la planète. Bien sûr cet intérêt n'existe que par la beauté et l'émerveillement enfantin qui se dégagent des ces prises de vues inusitées.
Cependant, cette terre vue du ciel est aussi un piège qui se referme sur le spectateur, ou le voyeur, fasciné, croyant découvrir un monde qu'il ne voit pas, touchant à la création divine. D'abord parce que toutes les images sont déshumanisées (les êtres vivants sont réduits à des fourmis au milieu de paysages qui nous dépassent), et donc accentuent la distance entre notre perception et notre sensation. Ensuite parce que le produit final semble davantage destiné à un musée qu'à une salle de cinéma. Nous savons ces paysages menacés, ces prises de vues éphémères. les voici archivées, sauvegardées, protégées par la magie du cinéma. Même si l'homme détruit ces beautés naturelles, nous aurons le sentiments que notre mémoire les fera survivre à l'oubli.
Car l'entreprise ne sert qu'à nous prouver la magnificence et la diversité de notre planète, des babels aux chaosmos, du génie humain au défis des lois de la nature. Ce montage n'est jamais ennuyeux grâce à une partition sonore riche et intelligente : bruits qui illustrent et titillent notre imaginaire, musiques traditionnelles qui identifient les lieux, mélodies lyriques pour dramatiser ou rythmer le récit photographique. Et sans oublier les voix des deux conteurs. Choix idéal que Bernard Giraudeau, marin et explorateur, curieux et humaniste. Dommage sans doute que le film devienne pompeux avec ces monologues et ces dialogues déjà entendus, sans surprises. De Saint Exupéry à Morin, de références bibliques à Giono, ces tirades littéraires donnent un aspect présomptueux à l'ensemble. le discours est trop lisse, trop service public, sans esprit critique, à la fois philosophique (mais sans profondeur, anecdotique même) et poétique (sans être révolutionnaire). Bref aussi beau et glacé, aussi sage et distant que les photos de son auteur.
On ne peut qu'être séduit. Mais à ne pas sortir de l'oeuvre, à ne pas lui donner un sens plus documentaire ou complètement fictionnel, on sort légèrement désappointé. Il manque un parti pris plus cruel. On flirte du côté du Petit Prince. "Ca c'est pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde. C'est le même paysage que celui de la page précédente, mais je l'ai dessiné une fois encore pour bien vous le montrer. C'est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu." La vertu l'a emportée sur une réalité qu'on constate bien plus acide. De bien belles images, un joli rêve pour une civilisation qui se contente du tri sélectif. vincy
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