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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Vanilla Sky
USA / 2001
23.01.02
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VANITY FAIR
" Je pourrais t'écouter faire des "mmm" jusqu'à la fin de ma vie..."
On ne voit pas très bien l'utilité de faire un remake, sauf si l'on se base sur un bon sujet mal traité. En l'occurrence, ce n'était pas le cas du film d'Amenabar; Cameron Crowe n'apporte, d'ailleurs, aucune vision singulière au même thème. Il y met juste plus de moyens. Le cinéaste a trop confiance dans sa capacité à maîtriser avec efficacité un recyclage permanent. On peut comprendre son attirance pour des thèmes comme l'amitié, loyale a priori, la résurrection des âmes égarées, les limites du progrès et l'interaction entre réel et virtuel. Mais dans chacun des cas, Scorsese (After Hours), Lynch (Lost Highway), Fincher (Fight Club) ou Matrix ont été meilleurs. Il ne suffit pas de coller une compilation musicale sur un scénario basiquement brillant (c'est à dire depuis sa version originelle espagnole) pour faire un bon film. Un montage habile et subtil n'a jamais compensé l'absence d'inspiration dans la réalisation. L'imposture artistique (ce repompage permanent) insulte le cinéphile lorsqu'on colle aux murs les affiches d'A Bout de souffle et Jules et Jim, comme on admire un tableau impressionniste (un étage plus haut). Le subconscient est résumé à quelques scènes de films, de clips, de séries de télévision... Hollywood fait la synthèse de 50 ans de pop culture en un film dont le trucage numérique final (un ciel couleur vanille) remplace la beauté absolue de ce même ciel par Monet.
Reste l'effet "spécial", le visage défiguré de Tom Cruise, sorte de Frankenstein contemporain. Mel Gibson s'y était déjà essayé. Dans le même genre, les gueules cassées de Dupeyron (La chambre des officiers) furent mieux amenées et mieux filmées. Quant à l'exploit, s'il y en a un, il est largement atténué par le reste du film. En effet, Tom Cruise s'exhibe, sans pudeur, dans toute sa splendeur de mâle hollywoodien. Il le clame, presque fier, et de peur qu'on ne le croit pas : "je suis hétéro". Pas de doute : un mec qui s'épile, qui se muscle, qui retire d'angoisse un cheveu blanc, qui se regarde dans le miroir, c'est pour plaire aux filles. On appelle ça le narcissisme. Tout le film est un jeu de miroir où la peur du vide et de la solitude est bien moins importante que la peur d'être laid. Grand gamin attardé de 33 ans, on apprend que son personnage peut faire l'amour 4 fois en faisant monter au 7ème ciel sa copine, et ce dans la même nuit. Le mec a fière allure, du fric, une Ferrari, c'est le boss cool, frimeur et sympa à la Richard Branson. On nage dans le cliché matérialiste insupportable. Le bûcher des vanités n'est pas loin... Ce trip à travers l'ego de Tom Cruise (qui s'auto-portraitise doué, sympa, carnassier, beau) est digne de la plus belle des masturbations visuelles.
Dernière critique avant de passer aux flatteries : les dialogues, d'un creux abyssal, composé de quelques mots espagnols, où l'on apprend qu'avaler le sperme est un acte hautement politique dans la vie de couple. Les platitudes sont multiples, concernant l'amitié comme l'amour. On nous répète, comme dans n'importe quel film hollywoodien, le slogan du moment : "pour apprécier le miel, il faut avoir goûté au vinaigre".
Maintenant, vous assisterez à une expérience sommes toute intéressante, vous donnant peut-être envie de voir la copie originale. Les hallucinations du personnage principal donnent un angle critique sur la société actuelle et ses fantasmes. Le film est contemporain dans le sens où il reprend la thématique essentielle qui veut que notre vie est ailleurs, dans un choix plus radical, plus spirituel. Il renvoit à nos propres regards notre manière de voir la beauté et ceux qui ne le sont pas, notre propre fascination pour la réussite. C'est assurément le rôle le plus cynique de Tom Cruise, jouant de sa propre notoriété pour nous demander si nous l'aimerions sans son physique... Ici, il erre dans New York, comme il se faisait initier dans son épopée nocturne kubrickienne. Il fusionne tellement sa vie avec ce film, qu'on peut imaginer Kidman à la place de Diaz et y voir une métaphore sur le crash de sa propre vie.
A l'évidence, un couple de cinéma est né avec Penelope et Tom. La Cruz est fabuleuse, gracieuse, rêvée. Diaz est espiègle et désespérée. Lee, Russell, Taylor ont tous des rôles taillés sur mesure pour leurs nuances de jeu. Un film soigneusement réalisé au niveau artistique, illustrant bien une histoire qui nous fait surfer entre ce que l'on voit et ce que l'on imagine.
Dommage qu'au lieu d'un suspens terrifiant, on assiste à l'angoisse du jeune quadra démangé par le démon de midi et la peur de l'âge. Paradoxalement, Amenabar, en se renouvellant, avec peu d'effets, a réussi de manière plus magistrale sa "reconversion" avec l'excellent The Others. vincy
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