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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Vendredi soir
France / 2002
11.09.02
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L’INSOUTENABLE FACE PRIMITIVE DE L'ÊTRE
"Vous voulez dîner avec moi ? "
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Vendredi Soir n’est finalement pas un film sur la rencontre et sur le désir. Le thème profond en est plutôt la perte de soi et la recherche de sensations essentielles. Laure est à un moment crucial de sa vie, un moment de transition. Elle quitte l’appartement où elle vivait seule pour emménager chez son ami François qui semble l’attendre avec impatience. Là où la plupart confectionneraient leurs cartons dans l’allégresse, Laure semble en proie à une terrible angoisse. Chaque geste, chaque expression de son visage sont empreints d’une sorte de lourdeur palpable. Même la manière dont elle répète, en passant devant le futur appartement commun, « chez nous, chez nous, chez nous » semble nous prouver que le doute rôde, que rien ne va de soi. Dans ce moment de rupture que l’on pourrait presque qualifier de « borderline », Laure rencontre Jean. De lui, on ne sait rien si ce n’est qu’il paraît plutôt perdu lui aussi. Le film ne s’intéresse à lui que pour mieux appréhender Laure. Le couple éphémère qu’ils forment tous les deux répond parfaitement au flottement de la jeune femme et à son besoin de sensations simples. Elle approche cette rencontre de manière brute, presque sauvage et hors de tout contexte social. Seul le tactile compte, leurs échanges ne sont fondés que sur le geste, le toucher, le sentir (elle enfouit son visage dans son cou, sa main dans sa manche, elle revêt son manteau, ses chaussettes, comme si elle voulait s’imprégner totalement de lui).
La caméra fait corps avec ce personnage au comportement presque primitif. Elle flotte autour des deux amants en effleurant les toits de Paris, les visages coincés dans un embouteillage, les peaux, les regards, les murs, les objets. Il semble qu’à l’instar de son personnage principal, le film tout entier soit en quête de ressenti, de charnel (non au sens érotique mais simplement physique).
Comme dans la plupart de ses longs métrages, la réalisatrice s’attache à ses personnages pour nous offrir un film organique sur l’être et le sentir. Ce film est certes désarçonnant et on peut avoir quelques difficultés à s’y investir (notamment en raison du jeu légèrement neutre de ses acteurs). Mais Vendredi soir, une fois encore, laisse l’empreinte de l’univers très personnel d’une cinéaste atypique. laurence
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