Entrevue de Jodie Foster par Studio Magazine
Le Silence des Agneaux

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  • Studio - Au départ, Le silence des agneaux devait être joué par Michelle Pfeiffer. Vous avez mis votre orgueil de côté et dit à Jonathan Demme que si, par hasard, elle ne faisait pas le rôle, il vous intéressait. Pourquoi y teniez-vous tant?
    Jodie Foster - "C’est vrai, je le voulais absolument! Pas parce que c’était un rôle super flashy - sur le papier, le meilleur rôle, c’était quand même celui d’Anthony Hopkins - mais parce que j’avais adoré le livre, j’étais passionnée par le sujet et surtout je sentais mes propres interrogations dans ce personnage."

    C’est-à-dire?
    "C’est un peu comme avec tous les personnages qui m’intéressent. Ça rejoint presque la mythologie... L’histoire d’un petit prince qui vit dans un village décimé par la peste et doit le quitter pour aller chercher le sérum qui va sauver tout le monde. Il doit passer à travers des tas d’expériences, affronter des gnomes et des démons, traverser des gouffres profonds et des forêts sombres. Une fois qu’il a compris que le principal démon qu’il avait à affronter, c’était lui-même, qu’il devient humble et s’accepte tel qu’il est, il trouve le sérum et le rapporte chez lui. Mais comme, justement, il est devenu un héros, il ne sera jamais tout à fait intégré à son village, il sera désormais toujours à part..."

    C’est une belle métaphore aussi de votre itinéraire personnel, non?
    "(Soudain troublée, comme de s’être trop livrée.) Non... Enfin... peut-être... Ce qui est sûr, c’est que ça a plus à voir avec ma vie que les victimes que je jouais jusque-là! (Le ton est redevenu sûr.) Jouer les victimes, c’est bien sûr lié à l’histoire des femmes dans notre civilisation (nous ne sommes pas que ça, mais ça fait partie de ce que nous sommes). Et justement, je voulais tracer un autre trajet. Dans le cinéma, c’est toujours l’homme qui joue le héros. Je ne vois pas pourquoi les femmes ne feraient pas partie de cette tradition. Il est important qu’elles accèdent à ce type de rôle. Même chose pour Contact. J’adore cette idée d’une héroïne qui se bat contre tous pour mener à bout son projet et pousse son voyage le plus loin possible. Alors que le film parle de la découverte de l’univers, ce que l’héroïne découvre véritablement, c’est qu’elle a accompli en fait un voyage intérieur. J’adore cette notion-là, elle a toujours fait partie de mon travail."

    Diriez-vous que les actrices ont accès à de meilleurs rôles aujourd’hui à Hollywood?
    "Cela change petit à petit, mais ce n’est pas gagné. On essaie de sortir des stéréotypes, cela est valable pour la plupart des métiers du cinéma: il y a de plus en plus de femmes à tous les postes. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est qu’il y a toujours très peu de femmes réalisatrices. Je ne sais pas pourquoi. Comme si c’était le dernier endroit inaccessible aux femmes..."

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    (C) Écran Noir 1996-1999 / Studio Magazine - Luc Roux Septembre 97