Entrevue de Jodie Foster par Studio Magazine
Le statut de Jodie Foster

  • Mel Gibson, le business
  • Studio - Comment définiriez-vous vos rapports avec Hollywood? Comment êtes-vous perçue à votre avis?
    Jodie Foster - "Pour le moment - je dis pour le moment parce que tout change si vite ici ! -, je pense que je suis correctement perçue. Et davantage comme une actrice que comme une star; Tant mieux ! Une star, c’est quelqu’un qui est célèbre, qui est entouré d’un culte de la personnalité qui n’a pas forcément à voir avec le travail qu’il fait, avec cet artisanat qu’est le travail d’acteur. Moi, je ne suis pas Mel Gibson ni Sharon Stone. Je ne dis pas que c’est bien ou mal, c’est un état de fait. Quand les gens vont voir mes films, ils vont les voir pour le personnage que je joue, pour l’histoire qu’il raconte. Et pas parce que j’ai de beaux pieds!"

    Mais peut-être aussi quand même parce qu’ils votre manière à vous d’aborder les personnages, d’interpréter les histoires.
    "C’est vrai et c’est davantage lié à ce qui est vraiment mon métier d’actrice plutôt qu’à ma personnalité. Même s’ils savent aussi, je crois, que je choisis mes films avec une grande attention - et une grande difficulté. Je ne travaille pas beaucoup, donc ils savent que s’ils vont voir un film avec Jodie Foster, c’est un film qui sera un peu différent des autres, qui sera un événement d’acteurs, qui fera «penser» , d’une manière ou d’une autre, et qui ne ressemblera pas aux dix films qui sont sortis dix jours avant. Mais, du coup, chaque fois que je choisis un film, c’est pour moi la vie ou la mort ! C’est stressant, mais peut-être que je le prends trop sérieusement..."

    Ce n’est pas un handicap, dans une carrière d’actrice, que chaque film soit une question de vie ou de mort?
    " Si, sans doute. Mais, surtout, je gagne beaucoup moins d’argent que les autres ! (rires.) Les films que je fais sont, en général, des films difficiles à monter. Ce ne sont pas juste des films où l’héroïne est aimé de quelqu’un et poursuivie par quelqu’un d’autre, ou bien où il y a deux policiers qui font équipe...Ca, c’est facile à monter. Les films que je choisis sont un peu plus complexes et donc, je cours plus de risques chaque fois que je les fais. C’est plus excitant pour moi et... plus stressant pour les autres!"

    Avec la communauté d’Hollywood - déjà je ne sais pas si vous êtes d’accord avec le terme «communauté»...
    "...SI, si..."

    ...est-ce que c’est uniquement business-business ou est-ce que vous entretenez avec certains des rapports amicaux?
    "Je dirais que pour l’essentiel, malheureusement, c’est business-business. Je dis malheureusement et en même temps, je n’aime pas justement qu’ici tout se confonde, les rapports de travail et les rapports sociaux, ce côté « Machin? C’est mon pote, c’est mon meilleur ami « , alors qu’ils se sont vus deux fois ! Je déteste ça ! Les vraies relations que j’ai avec les gens du métier, c’est avec les gens avec qui j’ai fait des films. Pas ceux avec qui j’ai passé des deals de développement de projets ou d’engagement d’acteurs. Mais ceux avec qui je me suis retrouvée au fin fond de l’Amérique, à 5 heures du matin, sur un plateau, à boire un café... C’est surtout avec ces gens-là que j’ai des relations très profondes. Et d’ailleurs, je ne sais pas pourquoi, se sont essentiellement des techniciens. Je n’ai pas beaucoup d’amis acteurs. C’est peut-être une mauvaise chose d’ailleurs...(Silence.)"

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