Evolution du Star System
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Studio - On dit quand même que vous êtes restée très amie avec Mel Gibson après Maverick...
"(Un grand sourire éclaire son visage.) Oh, Mel, je l’aime beaucoup. Il est tellement drôle. Quand on est sur des tournages, on s’écrit. Il m’envoie des fax insensés... Tout le monde me disait : « tu connais Mel Gibson? C’est sûr que si tu faisais un film avec lui, vous vous entendriez comme... comment dit-on? Comme du poisson pourri? »"
Non, plutôt « comme cochons’...
"C’est ça, oui! (rires..) La première fois que je l’ai rencontré, j’ai su que ça allait être un ami pour la vie. C’est très rare, ce sentiment, surtout avec les acteurs. Il a un fabuleux sens de l’humour - certes, parfois, totalement adolescent! Mais c’est quelqu’un qui, contrairement à beaucoup d’autres comédiens, ne se prend pas au sérieux. il ne parle pas de son personnage, il ne parle pas du film, il bosse dans son coin - et ça se voit quand il joue - mais il n’a pas besoin d’en parler. Beaucoup d’acteurs - et je ne supporte pas ça! - ne peuvent s’en empêcher, peut-être parce que notre «art» , notre savoir-faire est tellement vague qu’ils ont besoin de le formuler pour être sûrs qu’il existe! Mel est tout l’inverse et nos rapports sur le tournage de Maverick étaient tellement vrais qu’ils qu’il y a eu à l’écran une sorte d’alchimie entre nos deux beaux personnages; Ce tournage, c’est sans doute un de des plus beaux cadeaux qu’on m’ait faits. Mel, c’est pour moi comme un frère."
Diriez-vous qu’il y a, à Hollywood, des choses à faire et des choses à ne pas faire?
"Il y a des choses à faire mais... que je ne fais pas! (rires;) Même si je dirige une compagnie (sa maison de production : Egg Pictures), je ne suis pas sociale du tout, je n’aime pas mélanger le travail et les rapports sociaux. A la limite, s’il faut faire un dîner pour parler d’un projet, oui, pourquoi pas? Mais appeler quelqu’un et dire : « On ne se connaît pas, on devrait déjeuner... », ça, je n’y arrive pas. Je connais des gens qui le font et qui sont très heureux de le faire. Moi, je ne peux pas. C’est une question de personnalité. Dans ce sens, je suis sans doute plus européenne qu’américaine. C’est la même chose quand quelqu’un vient dans mon bureau. La règle, ici, à Hollywood, c’est de commencer à lui parler de ses vacances ou de ses amis, et même d’évoquer les derniers ragots. il paraît que ça met les gens à l’aise. Moi, c’est tout le contraire : ça m’angoisse! Je ne sors pas beaucoup non plus. Je ne vais pas dans les «parties». A la limite, à certaines projections, mais quand c’est quelqu’un que
je connais bien qui a fait le film ou qui joue dedans; Sinon, je n’aime pas sortir. Ca doit être un truc psychologique mais quand il fait noir, je préfère être chez moi que dans ma voiture ou ailleurs! (rires..)
Est-ce que vous vous intéressez aux événements du ciné-business? Lisez-vous, par exemple, tous les jours Variety ou Hollywood reporter?
"Quand je viens au bureau oui, sinon non! Si bien que lorsqu’il y a des changements à la tête des studios, je suis la dernière à le savoir! (rires..) J’ai lu quand même dernièrement un bouquin sur l’histoire de la MGM et du Crédit Lyonnais... Il faut bien savoir un peu ce qui se passe..."
Est-ce que, par exemple, vous avez suivi la carrière de Michael Ovitz avec tout ce qu’elle avoir de symbolique par rapport à Holywood?
"Pas tellement. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir une idée sur l’impact qu’il a eu. Ce qui est intéressant chez lui, c’est qu’il a changé la philosophie des agents. Avant lui, les agents étaient des gentlemen, il y avait certaines règles morales, on travaillait sur le long terme, etc. Lui, il a été un stratège très brillant et il a réalisé de très beaux coups. Mais c’étaient lui. Après lui, les agents sont devenus des marchands de voitures d’occasion! Pourquoi cela a-t-il changé? Toujours pour la même raison : l’argent. Le cinéma n’a jamais représenté autant d’argent qu’aujourd’hui. Alors, dès qu’il y a beaucoup d’argent dans un endroit, on voit accourir les ambitieux, les ringards les tricheurs, les affairistes, les gens avides et sans moralité. Il n’y a qu’à voir ces « pasteurs » qui prêchent à la télé et ramassant des fortunes : ce n’est pas l’esprit de la religion qui est en cause mais l’exploitation qu’ils en font. Le cinéma, c’est devenu pareil."
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