David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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Car Nicholson cultive l'excès : le fric, Montres qu'il brûle tellement il en a, les femmes, le golf... et les Oscars. Avec Spencer Tracy, il est l'acteur le plus nominé de l'Histoire. De tête, on peut citer à peu près dix chefs d'oeuvres dans lesquels il a eu un rôle. Sa loyauté l'a souvent fait tourner avec les mêmes réalisateurs. On remarque aussi dans sa filmo la présence importante d'acteurs (rebelles et politiques) derrière la caméra (Warren Beatty, Sean Penn, Dennis Hopper). De Kazan à Kubrick, de Polanski à Arthur Penn, de Forman à Ashby, de Burton à Antonioni, la plupart des grands maîtres l'ont voulu sur leurs plateaux. Bien sût on note qu'avec Corman, Hellman, Rafelson, Nichols et Brooks la relation est un peu plus profonde. Ils utiliseront et abuseront de ce comédien plus grand que l'écran, prêt à la surenchère dans son jeu, capable de tout faire passer dans un regard d'acier ou un rire de requin. On ne sait jamais s'il séduit ou s'il va dévorer sa partenaire... Cette frayeur calculée, cette folie maîtrisée, cette fantaisie infinie produisent un effet unique sur le spectateur : on en redemande! On se régale avec ses rôles principaux, on désire et on se sent frustré avec ses petits rôles qu'il accepte pour la beauté du jeu.

On le découvre avec son premier petit rôle dans La petite boutique des horreurs. Durant 10 ans, il tournera dans des film de motards (parfois scénarisés par ses soins) ou d'horreur, des séries Z réalisés par le pape du genre, Roger Corman. Les débuts ne sont pas flamboyants. Même les westerns existentialistes de Jelmman ne sont pas des mounuments du genre. C'est à cette époque qu'il rencontre Bob Rafelson. Tous ces films à petits budgets ne le propulsent pas tandis qu'Hoffman, Redford, Beatty apparaissent déjà comme des étoiles montantes.
Rip Torn, finalement, lui rend un grand service en refusant son rôle dans Easy Rider, en 69. Outre la philosophie que véhicule le film, Easy Rider permet à Nicholson de se révéler à l'industrie hollywoodienne. Le film, un éloge de la contre culture américaine de l'époque, est un succès phénoménal. Il obtient sa première nomination aux Oscars. ce film lui donnera évidemment son image de marginal. Alors que Nicholson, malgré ses positions politiques, sa mysoginie et ses provocations, est totalement intégré au système.

Les années 60 ont été celles des films merdiques. Les années 70 lui offrent des morceaux de choix. Cela commence avec Five Easy Pieces. C'est une scène de dîner, avec un discours sur le sandwich poulet/salade qui en font une vâleur sûre hollywoodienne. Il rentre dans la cour des grands. La même année, il tourne avec Vincente Minelli. Il enchaîne avec d'autres personnages mémorables : un politicien cynique et libidineux dans Carnal Knowledge, un animateur radio sur la mauvaise pente dans The King of Marvin gardens... Il réalise et co-écrit son premier film (Drive He said), classé X. Copain de Polanski, laissant traîné des rumeurs d'orgies indécentes, Nicholson a vite fait de se faire traiter de "bad boy"... Mais en 3 films il devient une star incontournable, multi-primée (de Cannes aux Oscars), dévoilant un énorme talent : The last detail (en militaire de la Navy), Chinatown (en détective de L.A., sans doute l'un des meilleurs Polanski) et Vol au dessus d'un nid de coucou (en prisonnier "normal" devenu patient d'un asile, sans doute l'un des meilleurs Forman). Il peut tout jouer. Il bouleverse comme il impressione dans sa démesure. Ces classiques du genre lui permettent une liberté unique à Hollywood. Le fait que des films de qualité emportent un tel succès populaire le propulse dans une catégorie à part.
Il n'oublie pas qu'il est membre d'un club élitiste. Que le fric fait tourner toute cette industrie. Lorsqu'il reçoit son premier Oscar, Jack rend hommage à la grande Mary Pickford parce qu'elle fut la première à obtenir un pourcentage sur les recettes de ses films. Grâce à ce système, Nicholson obtiendra près de 60 millions de $ du triomphe de Batman... Joker imparable.
Dans la seconde moitié des seventies, Nicholson abuse de son pouvoir et tourne ce qu'il veut : une farce avec son copain Warren Beatty, un passage dans la comédie musicale Tommy, une participation chez Kazan, une rencontre avec Brando (pour un salaire dérisoire de 1250 $); il réalise une comédie insolite... Bref, il s'amuse et attend de nouveau que son étoile brille.

Kubrick lui assurera son come-back et établira son statut pour les dix ans qui viennent, sans aucun doute la décennie la plus profitable pour le comédien.
Avec un instinct certain, Nicholson accepte d'être Jack (Torrance) dans The Shining, un chef d'oeuvre du Maître dans le film d'horreur (un roman de Stephen King), avec ces interminables couloirs et cette steadycam omniprésente. Et ce cri aliénant, "Heeeeere's Johnny!". Nicholson se lâche, sa démence (déjà éprouvée dans le Nid de Coucou) est exponentielle et Kubrick nous la livre en pâture comme on jette un os et ses lambeaux de chair sanguignolante à des chiens affamés. Un régal.
Rafelson le rappelle pour jouer les facteurs torrides entre les jambes de Jessica Lange. Beatty l'emploie pour un second-rôle éminent (incarnant l'auteur Eugene O'Neill) dans l'épique et fortement gauchiste Reds. Il se transforme en astronaute sur le retour, charmant et dissolu, draguant Shirley MacLaine (la soeur de Beatty), et obtient un Oscar de plus dans Terms of Endearment. Un second-rôle en or, qui le fera brièvement revenir dans la suite ratée (The evening stars). Entre folie pure et mélos mélancoliques, films noirs d'auteurs tourmentés et comédies acerbes où il prend de la bouteille.
Il alterne les personnages plutôt gagneurs avec les "losers". John Huston, le papa de sa compagne d'alors, la grandiose Anjelica Huston, lui offre un rôle de tueur à gages lié à la maffia, bêta et amoureux d'une blonde fatale, Kathleen Turner. Une relation à couteaux tirés où les deux ont un contrat sur l'autre. L'honneur des Prizzi est un succès commercial et critique de plus. Ses performances ne déclinent pas. Il tombe amoureux deux fois de Meryl Streep. Le léger Heartburn et le noir Ironweed. Là encore il alterne les héros et les anti-héros. Mais c'est surtout face au trio de sorcières, la brune Cher, la rousse sarandon et la blonde Pfeiffer qu'il confirme sa relation perverse avec les personnages politiquement incorrects. A Eastwick, il est Satan. Qui d'autre aurait pu l'être? Sa force est de savoir surjouer avec subtilité, d'accepter des caméos (dans le sous-estimé et néanmoins excellent Broadcast news) délirants dans les films d'amis, de passer d'une grosse production à effets spéciaux, limite fantastique, à un film d'auteur à forte connotation sociale.
Il conclut son ascension avec le célèbre Joker de Batman sous les yeux du jeune prodige nommé Burton. Son sourire élastique comme un chewing gum devient sa marque de commerce. Il jubile à devenir un personnage de cartoon, diabolique, et piquant Kim Basinger à l'homme chauve souris. Toutes les grandes comédiennes des années 80 auront été dans ses bras. Un exploit qui en fait le chéri de ses dames.

Les années 90 seront plus contrastées. Sa fidélité à Rafelson ou à Penn, le besoin de tourner des films prévisibles, ses choix plus ambitieux (The Two Jake, la suite de Chinatown, qu'il réalise ou Hoffa, le célèbre syndicaliste) démontrent à quel point il cherche ses marques dans un système qui rajeunit les stars à grande vitesse. Beaucoup de films déçoivent. Mais le public suit pour certains : Wolf en duo avec Pfeiffer, A few good men face à Cruise qu'il bouffe cru scène après scène. Loup garou ou militaire macchiavélique, il donne le meilleur de lui-même. Mais les films sont souvent des déceptions. Il parvient à nous toucher subliment chez Sean Penn (The Crossing guard avec Anjelica Huston, rempli de cette fêlure d'un passé recomposé, ou The Pledge où il se noie dans la douleur d'un pacte avec son âme). Il a souvent joué le diable. le démon se joue de lui. Dans Mars attacks!, il retouve Burton, et interprète (entre autres) un Président des USA qui se croit leader d'un monde libre. Bousillé en un rayon laser par les immondes aliens (qu'il combattait 15 ans auparavant dans The border). mais après un glorieux discours politique et creux à tirer des larmes à un cochon.
Nicholson reçoit de plus en plus d'honneurs, tourne de moins en moins. Une sorte de déclin, d'absence apparaît. Une brisure qui s'éclaire parfois sous les projecteurs. Entre la contreculture à laquelle il a souvent appartenu et ses nouveaux choix de vie qu'il a épousé (la vie d'un retraité qui fait des enfants sur le tard), la star est un modèle de l'anticonformisme.
En 97, il revient sur les écrans, avec Pour le pire et pour le meilleur. Phobique de tout, maniaque absolu, insupportable célibataire, voisin détestable, client cynique, il découvre d'un coup que son égoïsme et son sectarisme est à l'origine de tous ses maux. Il en devient trop généreux, et tombe amoureux d'Helen Hunt (celle là il ne l'avait pas encore embrassée...). Le pire est qu'il nous fait aimer son personnage haïssable et le meilleur est bien entendu le concensus critique et public, les multiples prix récoltés obtenus pour ce film. La magie de Jack. Il retrouvera ce type de personnage avec Tout peut arriver, où il devient séducteur d'une féministe qui lui résiste, Diane Keaton. Il semble confortable dans les comédies. même si elles ne sont pas toujours à la hauteur de son talent. mais avec un certain flair, il sait trouver les bons projets. About Schmidt, de l'encore méconnu Alexander Payne (avant sa razzai de Sideways), présenté à Cannes, est sans aucun doute son plus grand personnage et son meilleur film depuis 20 ans. Il est à la fois hilarant, pathétique, touchant, détestable. Grandiose et intime.
Son parcours riche l'a envoyé très haut dans les étoiles d'Hollywood. Et même s'il ne tourne plus beaucoup, s'il refuse beaucoup de scripts, Jack Nicholson reste l'un des rares comédiens au dessus des lois d'un système qu'il a su apprivoiser, et même dompter.

vincy


 
 
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