David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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DREAM TO BIRTH





Pitt, Michael. Rien à voir avec Brad. Il est grand, blond, entre deux âges. Visage d'enfant, presque trop lisse. Innocence qui cache une personnalité plus torturée, plus sensible qu'il n'y paraît. Tendre et doux même. Michael Pitt a des airs de Di Caprio, et une mélancolie qui rappelle celle de River Phoenix. Il est surtout charismatique. Et son personnage de Blake dans Last Days le transfigure, incarnant une sorte de Jésus marmonnant des psaulmes avant de grimper vers le Paradis.
Le rock ça le connaît, ceci dit. Car le chanteur et guitariste du groupe Pagoda, fredonnant "Hey Joe" dans un film de Berolucci, offrant deux titres à Gus Van Sant, se sent peut-être aussi bien dans la peau d'un musicien. Dans Hedwig and the Angry Inch, film culte, trans, punk et décadent, il joue un "glam rocker" entre Velvet et Bowie. Musicalement, il apprécie les Sex Pistols, Pixies et autres groupes grunge (Sonic Youth) ou récent (White Stripes). Sa vénération pour l'androgyne David B. rappelle cette séduction ambiguë qui se dégage du jeune homme, attirant autant les filles que les hommes, les romantiques que les rebelles. Son film préféré, My Own Private Idaho, est au croisement de toutes ces impressions. Et il explique cette rencontre évidente avec Gus Van Sant.
Pourtant Michael Pitt n'est pas qu'un artiste, ou un poète, en mal de reconnaissance. Loin de là. Il a eu un parcours plutôt classique, de cinéma indépendant (voire marginal) en productions plus installées, de séries TV pour ado en pièces de théâtre off Broadway. Dès l'âge de 10 ans, le jeune Michael, en pleine explosion du "grunge" justement, a la vocation. Il commence donc à étudier l'art dramatique. A l'âge où il faudrait penser au bac, il préfère prendre un vélo et jouer aux coursiers entre deux petits cachets. A 18 ans, un agent le repère sur scène et l'appel de la célébrité commence. Il obtient un rôle dans la série mondialement connue Dawson's Creek (saison 1999/2000). Evidemment, il se sent frustré artistiquement. Le courrier de fans l'effraie. Il préfère son cercle d'amis (l'auteur JT LeRoy), ses amours passionnelles (quelques jolies actrices), ou ses rencontres personnelles (Van Sant, par exemple, le connaît depuis 1997).
En 2000, Michael Pitt, pas encore 20 ans, ni beau ni laid, regard perçant, bouche trop sensuelle, se voit offrir un premier personnage de cinéma digne de ce nom. C'est donc l'ami Gus Van Sant, dans un film méconnu mais estimé, Finding Forrester, avec Sean Connery en vedette. En enchaînant avec un film loin des studios hollywoodiens, le fameux Hedwig, il livre sa véritable nature, sa créativité insatiable. Il n'hésite pas à tourner dans des courts métrages (Under Developed, Over Exposed d'Alicia Van Couvering, Yellow Bird de Faye Dunaway). Les réalisateurs semblent adorer sa cinégénie. Larry Clark qui aime les castings casse gueule mais ne se trompent jamais sur une gueule l'enrôle pour son film morbide, Bully, sur fond de meurtre et de cynisme. Idem pour Barbet Schroeder qui le choisit pour être l'un des meurtriers géniaux, gamins calculateurs de son Murder by Numbers, polar présenté à Cannes. Il est le faux frère de Ryan Gosling, plus sexy, se confronte à Sandra Bullock et s'épanouit avec jouissance dans ce personnage introverti et machiavélique. Toujours auto-destructeurs.
Les projets s'enchaînent. Michael Pitt continue d'explorer de drôles de territoires cinématographiques. Dreamers de Bertolucci, il interprète un Américain à Paris, en plein Mai 68, étranger à la révolte, intime avec la liberté des moeurs. Il se dénude. Se fout à poil même. Cela maquille sa participation à un drame sur le porno et la dope ou un film d'horreur jamais sorti en salles. Du Livre de Jérémie, d'Asia Argento, présenté à Cannes, au nouveau film de M. Night Shyamalan, l'acteur fait le grand écart entre des films de nature opposée : art ou produit, oeuvre provocante ou film populaire. Il aime les atmosphères inquiétantes, les êtres flous et dépressifs.
Mais lui est-il ainsi? Lors de son audition pour le sulfureux L.I.E. (film sur la pédophilie), le réalisateur et scénariste le trouvait trop vieux (déjà) et pas assez provocant, justement...

Nouveau Rimbaud, plus sage qu'en apparence, hétéro qui n'a rien d'homo il fascine donc la presse branchée (gay, avant gardiste et autres intellos) de New York, Londres et Paris grâce à une filmographie passionnante. Attentionné, sa voix chaude et presque maffieuse, son accent de New Jersey, en ferait un parfait postulant pour un Scorsese ou un James Gray. Pour l'instant point de projets de ce genre.
Il va déjà profiter de la sortie de son premier album et de la montée des marches à Cannes avec ce personnage qui va lui coller à la peau, ce rocker abandonné, paumé dans Last Days. Corps trop sculpté, dégaine respirant sa déchéance, l'acteur montre l'humilité qu'il a à se glisser dans un film qui n'a rien de conventionnel. Il a l'avenir devant lui. Le rêve est devenu réalité.

vincy


 
 
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