David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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AU GRE DU COURANT





Mikio Naruse est largement moins connu que les autres géants, Ozu, Kurosawa ou même Mizoguchi. Sans doute parce que peu de ses films ont voyagé.
La mère avait été distribué à sa sortie en France. Une tournée des Cinémathèques avait eu lieu dans les années 80. Malgré ses 80 films, et son succès précoce (à 30 ans Ma femme sois comme une rose est élu meilleur film de l’année au Japon).
Enfant solitaire plongé dans les livres, jeune homme docile et taciturne, il sera embauché comme apprenti accessoiriste aux studios de la Shôchiku. La mort précoce de ses parents diluent en lui une tristesse et un pessimisme qui rejailliront dans ses films. A 17 ans il devient déjà assistant-réalisateur (d’Hiroshi Shimuzu, un cinéaste aux productions plus rentables que celles d’Ozu). Homme à tout faire, il joue même les figurants. Sa timidité et son effacement naturel ne l’avantage pas dans ses relations humaines. Il n’est toujours pas promu réalisateur, contrairement à ses amis.
En quittant la maison familiale (1927), il va s’affranchir, apprécier un bar proche des studios (qu’Ozu filmera dans Printemps précoce, le Chin Chin Ken) et commencera à apprécier la vie nocturne. Le cap de la mise en scène sera franchi en 1929 avec une comédie où un couple se dispute. Il repère les lieux durant une journée, enchaîne une journée et demi de tournage sans pause, tombera malade, laissant au cinéaste Gosho le soin de faire le montage. Il embraye sur plusieurs films qui s’avèrent tous des échecs. Mis à l’index, il subira l’humiliation d’une année de chômage. Il reprendra du service avec un remplacement au pied levé. Ne t’excite pas est une co-réalisation avec son mentor Shimuzu. Le succès lui permet d’envisager un avenir plus radieux, dans la période d’avant-guerre.

Bon courage larbin ! va définitivement le mettre sur les bons rails, en 1931. La comédie fonctionne, avec un style qui privilégie le drame quotidien sur le burlesque et le farfelu. Les séquences sont rythmées. Kurosawa disait que «sa méthode consistait à procéder par des plans très courts. Ce flux de plans très courts qui, au premier regard, ont l’air calmes et ordinaires, se révèle ensuite être comme un fleuve profond avec une surface paisible, dissimulant dans ses profondeurs des courants presque furieux... »
Les drames sociaux de la vie moderne plaisent. Et, fétichisme lié au succès de son premier film, il réutilise souvent les accidents de circulation pour monter ses intrigues, à l’instar de ce Bon courage larbin !

Il imprime sa marque, soit un montage extrêmement maîtrisé lié à une fluidité des mouvements. Grand espoir du cinéma japonais au début des années 30, son studio le méprise. Il souhaite du parlant, on lui propose de la publicité. Frustré de voir son audace bridé et ses scénarii refusés, il rejoint la P.C.L., future Toho productions (qui produira un certain Akira Kurosawa). Son salaire est triplé et commence un travail d’adaptation de romans à succès. Ma femme, sois comme une rose (ou Kimiko en anglais) est un triomphe en 1935. Les quartiers pauvres sont abandonnés au profit des classes moyennes, le mélo est délaissé en faveur du drame familial. De là Naruse va affirmer son ton. Un exprit féministe, un monde malheureux, un désespoir récurrent et toujours une catharsis révélatrice. Comme Ozu et Mizogushi, son oeuvre se distingue selon les décennies : traidtionnelles, humanistes, formalistes. Mais ce sont ces scripts qui fascinent, enchvêtrement de situations et personnages réalistes et parfaitement joués. Son intérêt pour le théâtre et la musqiue, sa proximité avec une oeuvre comme celle d’Henry James le conduisent à tisser une narration composées de segments thématiques qui ne sont que des variations d’une même vision.

Mais la guerre, et la censure, rendent de plus en plus compliquer le montage des films. Il ira même jusqu’à tourner à l’extérieur du japon, avec La Lune de Shanghai en 1941. La raréfaction de la pellicule n’arrange rien durant cette époque.
La sortie du conflit va lui permettre une renaissance. D’abord avec un mariage et une vie plus sereine puis il y aura un long hiatus jusqu’à l’un de ses meilleurs films, Le repas, en 1951, véritable réflexion sur le bonheur conjugal et ses dangers. Il reçoit ce travail là encore au pied levé, remplaçant une fois de plus quelqu’un. La chance.
Le repas sort en 1952, comme Fin d’automne de Ozu, classés tous les deux meilleurs films de l’année. Là encore, par facilité ou fatalisme, il préfère répeter ce qui a marché. Le repas était un roman de Fumiko Hayashi ; il en adaptera plusieurs, notamment Nuages flottants et La mère. Le premier récoltera tous les prix au Japon, et rentre directement parmi les classiques du 7e Art nippon. Le second séduit les cinéphiles parisiens avec son sentimentalisme, sa finesse, une forme de flamboyance humaine typique de son cinéma. Il reflète le Japon conservateur et moderne, les liens entre le Japon d’avant la guerre, très enraciné dans les traditions, et une nation en progrès.

En 1958, il tente l’aventure de la couleur et du Scope avec Nuages d’été. On est alors très proche du néo-réalisme italien et d’un documentarisme très approfondit sur la réforme agraire. Le succès de Quand une femme monte l’escalier en 1960 (aïeul de Wong Kar-wai) lui permet de devenir producteur. Il est désormais un Maître. Sa liberté ne sera pas entamée par son cancer, la crise économique du secteur ni même l’usure artistique.
Nuages épars, joli titre pour un ultime film, achève une filmographique qui a su évoluer avec le temps. Requiem où un homme ronger par le remords tente de se faire pardonné. Mais ce manque d’espoir qui teinte tous ses films l’empêchent de livrer une sagesse ou une morale qui rassurerait les spectateurs. Il est pourtant celui qui aura le mieux filmer le désenchantement et les désillusions de la vie, sans se noyer dans le sirop ou la complaisance. Une grandeur de son art et une fidélité à son style qui, assemblées, forment une oeuvre cohérente et fascinante.

vincy


 
 
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