David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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DROLE DE DREW





La légitimité dans un tel métier, ça se gagne. On a beau être la petite-fille d'un comédien de l'âge d'or hollywoodien, la filleule su cinéaste le plus en vue de la fin de siècle (Steven Spielberg), la vedette précoce d'un des cinq plus gros succès cinématographiques de l'Histoire, l'itinéraire n'est pas forcément doré. Star à 7 ans, l'adolescence l'éloignera du rêve pailleté d'illusions avec d'autres formes de leurres : la drogue, l'alcool, la presse people, son exhibition dans Playboy. Cette parenthèse peu glorieuse la conduira sans doute à savoir se moquer de son image. Tout a sans doute été trop soudain. A deux ans dans un téléfilm, à cinq as chez Ken Russell, à 7 ans face à E.T. en gamine de banlieue, prête à fondre en larmes pour cet alien qui veut téléphoner à la maison.
Elle sera relativement absente du show-biz durant la décennie qui suivra. Elle n'est pas retenue pour l'horrifique Poltergeist ni pour l'horrible Showgirls. A contrario de Jodie Foster, Drew Barrymore va connaître un grand passage à vide. Tous les films des années 80, ou téléfilms, ou même feuilletons, passeront aux oubliettes. Les séries B s'enchaînent. Elle devient une sorte de "has been" vedette invitée dans des films parodiques ou des productions bonnes pour la location vidéo. Des histoires vraies pour chaudes larmes ou des films noirs sordides. Les box offices sont minables. Les castings sont des assemblages de noms inconnus au bataillon des comédiens en devenir. Est-ce son adolescence un peu trash?
Toujours est-il que Drew Barrymore est abonnée aux rôles de tueuses ou de jeunes marginales pas franchement politiquement correctes. Pas sexy pour deux cents (de toute façon elle préfère avoir quelques kilos en trop que de se priver), il va falloir attendre sa vingtaine pour la voir revenir sur des affiches un peu plus affriolantes.

Sa participation à Wayne's World 2 lui permet de montrer son minois à un public très large. Le western Bad Girls (de Jonathan Kaplan, réalisateur des Accusés, qui avait remis en selle Jodie Foster) lui permet de jouer avec une pléiade d'acteurs connus : Madeleine Stowe, Mary Stuart Masterson, Andie MacDowell, James Russo, James LeGros , Robert Loggia et Dermot Mulroney. 15 millions de dollars ce n'est pas énorme au Box Office mais cela permet de reconquérir un peu de dignité auprès des studios.
En affichant des choix dramatiques et féministes, Barrymore fait muer son image. Boys on the Side, film devenu culte avec le temps dans la communauté lesbienne, lui donne une certaine aura auprès des cinéphiles. Dans ce film sur fond de SIDA et d'amitiés féminines, elle trouve des partenaires d'un niveau plus stimulant : Whoopi Goldberg, Matthew McConaughey, Marie-Louis Parker... Le road-movie post Thelma & Louise séduit 4 millions d'américains, 400 000 français dans les salles. Il remporte aussi le prix du meilleur film tous genres confondus par les Oscars "gays et lesbiens".
La machine à succès va s'emballer. Drew va devenir tendance. En tournant aussi bien pour Antonia Bird que dans Batman Forver (second rôle "sucré"), elle charme les cinéphiles et les cinéphages. Le grand écart sera produit dans sa phase W. W comme Wes Craven avec sa séquence désormais élevée au rang de pop art dans Scream (premier du nom) et W comme Woody Allen en devenant la jeune fille bien élevée et amoureuse (de deux hommes) dans Everyone says I Love You. Drew Barrymore affirme ses rondeurs, étale son sourire généreux, gagne en chaleur et joue parfaitement les bonnes copines. 14 ans après E.T., elle va changer d'orientation. Devenir productrice, choisir des comédies romantiques, bref s'épanouir avec sa détermination à ne plus faire trop de compromis. Pour Scream elle a clairement préféré sa scène plutôt que le rôle principal : plus "fun".
Elle fait son come back dans les listes des personnalités qui comptent, des actrices qu'on trouve jolies... En 1998, les comédies romantiques s'enchaînent et font des étincelles auprès du grand public. La fille qui pourrait être notre voisine s'amourache des comiques ou beaux garçons du moment. Parfaite sortie du samedi soir entre tourtereaux. Drew semble sympa, exigeante, pleine de caractère, le coeur un peu guimauve. Y succombent : Adam Sandler (The Wedding Singer, 80 millions de $ et >50 First Dates, 120 millions de $), David Arquette et Michael Vartan (Never been kissed, 55 millions de $), Hugh Grant (Music & Lyrics traduit par Le come back, 45 millions de $), Jimmy Fallon (Fever Pitch, des Frères Farrelly, 42 millions de $). Ses films ne font jamais des bides. Ils parviennent même souvent à prendre la première place du Box Office durant leur week end de sortie. Parfois le flop est inévitable : Riding in Cars with Boys ou Duplex. Pour un Titan A.E. qui se plante, elle donne de la voix au joli succès Curious George.

Mais Barrymore va parvenir à ne pas se laisser emprisonner par son image d'Américaine lambda au coeur d'artichaut. D'une part grâce à des films d'auteur. Ever After, ou la véritable histoire de Cendrillon, lui donne un grand rôle à plusieurs dimensions dans un genre qu'elle affectionne. Face à Anjelica Huston et Jeanne Moreau, elle ne fait pas honte. On l'aperçoit dans Donnie Darko en professeur de littérature peu conventionnelle, donnant à lire The Destructors de Graham Greene. On la croise aussi dans le premier film de Clooney, l'excellent Confessions of a Dangerous Mind. Manière, une fois de plus, de sortir des sentiers battus et de prouver sa vocation d'actrice. Miss Penny est une femme baffouée, meurtrie par les mensonges de son mari. Plus dramatiques ces écarts de filmographie lui offrent d'autres perspectives, maniant nuances et subtilités, et pas simplement rires et battements de coeur. Elle s'invite ainsi chez Curtis Hanson, face à Eric Bana dans un film prenant place autour de tables de poker...

Chanceuse? Aimée des ados, des enfants, des gamines, des adultes, elle est ce qu'on appelle noblement une comédienne populaire. Un peu allumée, un peu allumeuse, de plus en plus lumineuse : ses personnages n'aiment pas se faire marcher sur les pieds et cachent visiblement une vulnérabilité à guérir. Pourtant il est loin le temps de "la petite fille perdue". En devenant productrice dès 1999 (y compris sur Donnie Darko), elle change sa donne. Elle acquiert les droits d'une série TV mondialement connue - Drôles de Dames - et la lifte suffisamment pour séduire les jeunes générations. Entre humour gras (comme elle aime) et séquences d'action façon jeux vidéos, elle choisit l'option "je me moque de la pop culture made in USA". Assez rock dans l'âme, elle se prend le rôle de la cérébrale. Hommage à Sabrina Duncan (alias Kate Jackson). Crédible en caméléon, elle s'amuse encore et toujours, se déguise en tout et n'importe quoi. La productrice réussit peut-être mieux son coup que l'actrice : 260 millions de $ de recettes mondiales pour chaque épisode. «J’essaie de faire des films que je voudrais voir plutôt que ceux qui me plaisent en tant qu’actrice. J’aime les films qui transportent les gens, qui les remplissent de romantisme et d’espoir, quelque chose qui les fassent se sentir bien. J’aime les happy ends.»
A défaut de connaître la fin d’avance, son karma projette de bonnes ondes. Elle reste digne et tente de rire le plus souvent. Sa société de production, Flower films, rime désormais avec Power. Même si pour elle le plus grand pouvoir est celui d’un simple sourire.



vincy


 
 
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