David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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ET LA CHRYSALIDE DEVINT CAMELEON...





Comment identifie-t-on un grand acteur ? Ce n'est pas immédiatement perceptible. C'est parfois juste une palette large d'émotions, de sentiments qui rendent n'importe quel personnage incarné. C'est parfois juste un charisme évident, atypique, qui leur permet de se singulariser, en toute discrétion. Vous souvenez-vous de Muriel dans le film de P.J. Hogan ? De cette fille empotée, naïve et écoutant Abba à longueur de journée ? Qui pense l'avoir revue de nombreuses fois sans forcément savoir dans quoi il l'a vue? Elle, Toni Collette, appartient à cette trempe d'actrice capable d'être aussi bonne dans le drame que la comédie, le second rôle que la tête d'affiche. Elle se fond dans le celluloïd. Loin de se limiter au genre sentimentalo-potache, elle nous a toujours séduits, sans qu'on s'en aperçoive vraiment : à chacune de ses apparitions, elle se transforme, telle un caméléon, pour faire totalement corps avec chacun de ses personnages, donnant l'impression de les incarner réellement et finalement de ne jamais être elle-même. Nul belsoin de grandes métamorphoses à la De Niro. Juste quelques touches. La coiffure, le maquillage, une manière de bouger, un geste...

Cette fille a le virus de la comédie dans le sang. Toute petite déjà, elle feint tellement bien l'appendicite que le médecin l'opère, alors que ses analyses prouvaient le contraire. Une actrice née ! Elle quitte l'école à 16 ans pour suivre les cours de comédie du National Institute of Dramatic Arts et décroche son premier rôle dans Spotswood à l'âge de 20 ans, aux côtés d'Anthony Hopkins et de son compatriote Russell Crowe. Sa première prestation lui vaut immédiatement une nomination au meilleur second rôle féminin de l'Australian Film Institute. Elle enchaîne ensuite avec le fameux Muriel, rôle qui la révèle au monde entier, qui se prend d'affection pour cette boulotte romantique au physique ingrat. L'actrice n'hésite pas à prendre près de vingt kilos et gagne sa première nomination aux Golden Globes, en tant que meilleure actrice. Comme quoi avoir mauvais goût musical (Abba) peut s'avérer payant auprès des apôtres du bon goût.

Elle impose à chaque fois sa touche personnelle, allant jusqu'à voler la vedette. Elle sera, entre autres, femme de rock star dans Velvet goldmine ou encore nonne dans 8 femmes ½ de Peter Greenaway. sainte ou débauchée, vulgaire ou chic, tout lui va.

Cependant, sa prestation de mère célibataire du petit Haley Joel Osment dans Sixième sens de M. Night Shyamalan bouleverse la cinéphilie entière. Le film lui donne une autre dimension, sensible et généreuse. On a d'ailleurs peine à la reconnaître immédiatement. Elle reprendra ce type de rôles - mère célibataire dépassée par l'autonomie de son enfant - dans Pour un garçon, avec Hugh Grant, livrant encore une prestation toute en détermination et en réserve. Toni Collette n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour se faire remarquer. Il suffit de voir les deux scènes qu'elle a dans The Hours face à Julianne Moore pour comprendre comment elle installe un personnage : un métronome calculant chacun de ses mouvements pour nous emmener où elle veut : rires ou larmes, surprise (le baiser lesbien) ou détournement de la caricature de la bourge de banlieue. Elle illumine tout sur son passage. Ce rayonnement provient sans doute de son côté pulpeux, de cette bouche démesurée, de ses yeux cartoonesques. Elle reviendra à ses premières amours, la comédie, dans Connie et Carla ou encore In her shoes de Curtis Hanson, qui aborde le thème de la rivalité entre sœurs et tient tête à Cameron Diaz. Elle n'a peur de rien : ni de chanter déguisée en garçon travesti en femme, ni les stars catégorie A qu'elle surpasse avec classe, c'est à dire sans les humilier, plutôt en les servant. Dans les deux cas, elle tient secrètement le rôle principal alors que les producteurs misaient sur l'autre fille. Collette, pourtant, imprègne nos mémoires et se mue en inconscient cinéphilique. Elle sauverait presque une mauvaise scène.

Sa dernière prestation dans Little miss sunshine, en mère déjantée mais aimante, au bord de la crise de nerfs mais altruiste, l'a remise à sa place : au soleil. Avec une facilité déconcertante, elle rend ses névroses habituelles touchantes, ses excès contrôlés hilarants. Elle sait jouer naturellement la tristesse et la joie, danser sur scène et engueuler son mari. Comme si son énergie, qu'on imagine décuplée sur un plateau, la rendait électrique.

Pas de message féministe (quoique), pas de rôles transgressifs (ou alors tous) : juste l'idée que ses femmes à elles lui parlent toutes. Qu'elle à quelque chose à dire lorsqu'elle a des enfants qui se distinguent de par leur comportement, quand elle a un cancer ou des frustrations. Cette femme qui cherche à s'épanouir, à s'affranchir, à garder son bout de liberté, c'est une femme moderne qui s'assume. Malgré les obstacles. Toutes ces femmes jouées par Toni Collette, n'est-ce pas un miroir tendu à notre société? Une manière de dire : arrêtons de nous mentir, arrêtons de jouer, dansons, amusons-nous, aimons. Dans quelques années, on reconnaîtra peut être et enfin le don deToni Collette : pas celui du jeu au service du film, mais celui du je au service des spectateurs.

Florine


 
 
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