David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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SIGNES EXTERIEURS DE SUCESS





"The Next Spielberg" titrait Newsweek à l'approche de la sortie de Signes, son cinquième long métrage. Et pour cause, M. Night Shyamalan, depuis Sixième sens, maîtrise le fantastique avec une habileté déconcertante, dont son aîné Spielberg a fait preuve plus d'une fois. Et comme un signe du destin justement, Shyamalan avait déjà dans les mains à l'âge de huit ans la caméra 8 mm de son père, poussé par l'admiration qu'il vouait au cinéaste aux plus de vingt films à succès. Un maître dans l'art en qui le jeune américain d'origine indienne trouva une source d'inspiration : à 15 ans, il a pas moins de 45 courts métrages à son actif. Les Aventuriers de l'arche perdue aurait été le film déclic.
La comparaison avec Spielberg est légitime et fondée : au-delà de la première lettre de leurs noms respectifs qu'ils ont en commun, le savoir-faire est là, presque palpable. En trois films, si l'on exclut ses deux premiers longs métrages restés dans l'ombre - Prayer with anger et Wide awake, l'empreinte est parfaitement identifiable. Et pourtant, ses films font chaque fois l'effet d'un ovni. En plus de réaliser des longs métrages qui parlent à tous - et par conséquent ont un succès collectif immédiat - car empreints d'humanité et d'émotions, Shyamalan est un fin marionnettiste qui tire et tisse les fils de ses toiles d'une manière bien particulière. Le suspense en est la principale qualité, Shyamalan en a fait son credo. Haletant, déroutant, prévisible ou inattendu, il défit les règles de l'art.

Un succès planétaire que celui remporté par son Sixième Sens en 1999 ! Il bluffa alors tout le monde. Là où d'autres réalisateurs ont choisi la destructuration ou une autre galipette narrative pour surprendre et tenir en haleine le spectateur, Shyamalan, lui, n'a nul besoin d'user de cette technique pour brouiller les pistes. Son récit est une espèce de piège dans lequel tout un chacun doit tomber. La clé du mystère doit arriver à point. Le dénouement est une révélation, sorte d'epiphany selon James Joyce où le sens même d'une manifestation ou d'un objet des plus communs prend tout à coup une ampleur fabuleuse. Et c'est au spectateur de dérouler à nouveau la pellicule pour joindre les deux bouts et comprendre par quelle magie s'est opéré le tour de passe-passe. Ce qu'il y avait d'étrange et d'incompréhensible aux yeux de tous chez ce petit garçon de 8 ans, interprété par Haley Joel Osment, doté d'un sixième sens cauchemardesque et irréel, trouve toute sa logique, comme par miracle, dans les dernières scènes. Le magicien a opéré, on a regardé mais on y a vu que du feu.
Incassable un an plus tard était construit selon le même principe : une intrigue emplie de doutes, d'incompréhension, de quoi se mettre martel en tête. Mais après la surprise du Sixième Sens, par son caractère inattendu car nouveau, et le court délai qui séparait les deux films, Incassable n'a pas atteint les chiffres escomptés au box office américain (94 M$ pour Incassable - un échec, pense Shyamalan - contre 294 M$ pour Sixième sens). Le public a semblé ne pas vouloir se laisser avoir une deuxième fois. Et pourtant le " jamais 2 sans 3 " pouvait retentir, on peut en mesurer la portée avec Signes.

Shyamalan portait à l'écran avec Incassable un sujet qui lui tient à cÏur, les Comics, bandes dessinées fantastiques mettant en scène des super-héros. Lui-même collectionneur, il ne pouvait être mieux servi. Et bien que Bruce Willis tienne à nouveau le haut de l'affiche, nulle trilogie était engagée ni même envisagée. Shyamalan s'en défend pour l'instant (la rumeur d'un Unbreakable 2 va bon train), car il dit ne pas souhaiter se distinguer par la réalisation de trilogies ou de suites, ni s'impliquer dans des projets qui demandent trop de collaborations. Réalisateur très indépendant voire " perso ", il aurait refusé de diriger Indiana Jones 4 ou Harry Potter 3.

S'il n'en laisse que très peu dans l'intrigue (fameux pouvoir de suggestion), Shyamalan pose dans ses films des repères personnels qui ne peuvent plus passer inaperçus. Pas étonnant de voir que ses films ont tous pour toile de fond la ville de Philadelphie, sa ville d'accueil, de son enfance et port d'attache qu'il n'a plus quitté. Autre indice, sa présence, bien que secondaire, dans ses trois derniers longs métrages, si l'on exclut sa prestation dans son tout premier film, semi-autobiographique (Prayer with Anger). Endossant tour à tour un médecin, un dealer et un homme rongé par la culpabilité, il dit tenir à ces apparitions furtives. Un parti pris qui renforce selon lui les liens avec le public. Et revêtir la blouse blanche de docteur dans Sixième Sens n'avait rien d'anodin. Le clin d'Ïil est flagrant quand on sait l'importance de la médecine dans sa famille (plusieurs membres sont médecins, sa femme est elle-même pédiatre), et la volonté du père de le voir prendre la même voie que lui.

Autant de pierres semées avec méthode, preuves d'un travail méticuleux qui n'est pas sans rappeler celui d'Hitchcock, autre grand cinéaste que Shyamalan admire, dont il s'est inspiré et à qui on le compare parfois. Comme l'ont fait Spielberg, Scorcese ou Hitchcock justement, Shyamalan a l'habitude de s'offrir les services d'un storyboarder (un certain Brick Mason), pour mieux préparer les scènes et ainsi réduire la durée et le coût du tournage. Ce dernier se déroulant dans l'ordre du script, scènes après scènes, procédé plutôt rare pour des films à gros budget. Son souci du détail est ô combien perceptible à l'image. Les plans sont irréprochables et nous montrent précisément ce qu'il faut voir. Chaque mouvement de la caméra a son importance, chaque détail compte. Au pouvoir de l'image s'ajoute (une belle démonstration dans Signes) le pouvoir des mots, auréolés d'humour, de sarcasme et de pertinence. Sans oublier une enveloppe sonore d'une grande efficacité. Le plus subtil bruissement, le moindre craquement, le plus léger souffle, associés à l'image, font sursauter, palpiter. Et c'est pourquoi ces films ne sont plus seulement des succès, ils deviennent des références dans l'histoire du cinéma.
Il y a des signes qui ne trompent pas M. Night Shyamalan, en confirmant son talent dans son dernier opus, nous a convaincu qu'on ne l'oublierait pas de si tôt.

Marielle - octobre 2002


 
 
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